Would you like to react to this message? Create an account in a few clicks or log in to continue.



 
HomePortailSearchLatest imagesRegisterLog in
Le deal à ne pas rater :
Cdiscount : -30€ dès 300€ d’achat sur une sélection Apple
Voir le deal

 

 Vie au palais

Go down 
3 posters
Go to page : 1, 2  Next
AuthorMessage
Livandil d'Eleissen
Admin
Admin
Livandil d'Eleissen


Nombre de messages : 1969
Age : 33
Localisation : Over the stars, in my dreams...
Date d'inscription : 2008-03-06

Vie au palais Empty
PostSubject: Vie au palais   Vie au palais EmptySun 28 Sep à 14:07

[Je te préviens tout de suite, j'ai fait du grand n'apporte nawak^^]


Livandil rit lui aussi, de la joie d’Alénor, de la sienne propre. Maintenant qu’ils étaient revenus à Séphadora, dans le calme paisible de l’immense parc, l’avenir apparaissait beaucoup plus radieux que l’incertitude de la route. Le jeune homme était conscient cependant que ce n’était qu’une illusion et que les jours sombres étaient loin d’être révolus. Il haussa les épaules, chassant ses pensées pessimistes et se laissa entraîner par l’entrain de sa compagne.

Les deux amants [dans le sens ancien d’amoureux, hein ! Wink] profitèrent largement de la journée qui passa sans qu’aucun des deux ne le remarquât. Jeux, poursuites dans le parc les avaient épuisés et ils s’arrêtèrent essoufflés, riant encore tout en cherchant leur respiration.

La vision d’un homme portant la tenue des sénateurs suffit pourtant à leur rendre tout leur sérieux. Il était âgé, le visage chafouin, des yeux au regard glauque, pervers même. Livandil le jugea aussitôt pour ce qu’il était, un homme de la pire espèce. La manière dont quelqu’un comme lui avait pu accéder au rang de Sénateur restait un mystère pour lui…sans doute une histoire de relations et d’argent.

-C’est le sénateur Bertrand, lui glissa Alénor en chuchotant alors que le sénateur était encore à quelque distance. J’ignore ce qu’il me veut.

Livandil lui serra la main doucement puis redressa la tête. Au regard méprisant et impératif que lui lança Bertrand, il comprit tout de suite qu’Alénor n’avait pas parlé de lui aux membres du sénat. Bertrand le considérait comme un vulgaire serviteur, quelqu’un qui, dans son échelle de valeur personnelle, devait être au même niveau que les vers de terre. Jouant le rôle que l’autre lui avait involontairement attribué, il recula de trois pas, mimant la contrition. Suffisamment loin pour satisfaire le sénateur, suffisamment proche pour ne pas perdre une miette de la conversation et, si besoin était, porter secours à son amie.

Ce qui ressortit de la conversation fut qu’un sénateur était décédé selon des circonstances non encore éclaircies mais qu’on soupçonnait fortement un empoisonnement. Bertrand semblait affligé par la nouvelle mais aux yeux de Liv’, il était clair qu’il jubilait intérieurement. Son dégoût de l’homme augmenta encore fortement et dépassa toute mesure lorsque le garçon réalisa quel genre de regard il posait sur la Consule. Un message mental d’Alénor lui intima la paix et il ne calma qu’à grand peine, le poing serré sur la garde blanche, les jointures blanchies tant il était crispé.

Une fois le Sénateur parti, il s’exclama :

-Cet homme est un porc. Tu aurais dû me laisser le tuer !

La Consule l’interrompit et lui relata brièvement l’entrevue du matin.

-Le sénateur qui est mort, Ceyliann…Il était l’un de mes plus fidèles alliés, conclut-elle. Mon discours de ce matin a déjà de lourdes conséquences.

Livandil la prit dans ses bras pour la réconforter, berçant doucement la jeune fille. Pour lui il ne faisait aucun doute que Bertrand était à l’origine d’un tel meurtre. Il n’avait sans doute pas commis l’acte lui-même mais employé un spécialiste. Une idée lui vint en tête…Puisque Ceyliann était mort, cela signifiait qu’une place était disponible parmi les sénateurs. Or Alénor n’avait pas parlé de lui, ni de sa nomination au rang de second Consul…La jeune fille pouvait le présenter en remplacement de Ceyliann et alors, il se trouverait au cœur même des complots. Introduit par elle, il serait forcément suspect au premier d’abord mais s’il pouvait mener son enquête assez loin pour déterminer les responsabilités des sénateurs dans le meurtre. De plus, il serait certainement au courant si une nouvelle tentative de meurtre était faite à l’encontre de la Consule.

Il expliqua tout cela à Alénor qui refusa tout d’abord d’exposer ainsi le jeune homme. Mais celui-ci ne démordit pas de son idée et la Consule finit par céder.



****

Quinze jours plus tard. Livandil siégeait depuis dix jours au sein du Sénat. Son acceptation avait posé moins de difficultés que prévu et son plan avait marché au-delà de ses espérances. Dix jours étaient largement suffisants pour se faire à la fois énormément d’ennemis et autant d’amis. Les alliés d’Alénor l’avait d’abord pris pour un ami de la Consule et lui avait témoigné leur sympathie. Une journée avait suffi pour les convaincre du contraire. Un jour supplémentaire avait permis de mettre de son côté tous ceux qui ne supportait pas la Consule. Livandil se détestait pour ce rôle qu’il se forçait à jouer, crachant autant qu’il pouvait sur la Consule et ses agissements. Les deux jeunes gens avaient convenu à l’avance de ce que dirait le Héros. Ils ne se voyaient plus aussi souvent qu’avant mais ils s’aimaient toujours autant. Les baisers échangés étaient autant de promesses d’un avenir ensemble.

Les sénateurs félons savaient que leur nouvel allié était proche d’Alénor, plus qu’aucun d’entre eux. Pour eux, c’était une preuve de plus de son talent de manipulateur et un immense avantage qu’ils comptaient bien mettre à profit...

Quant à lui, Livandil désespérait de trouver des preuves accablantes. Les meurtres s’étaient poursuivis, au rythme effrayant d’un sénateur tous les deux jours. Cette fréquence montrait que les sénateurs ne craignaient rien de la justice ou de quiconque d’autre. Forcé d’observer, le jeune homme rageait dans son coin, furieux de l’impudence des traîtres. La tension entre Sénateurs était de plus en plus palpable, les pro- et les anti-Alénor se disputant chaque jour plus férocement. Livandil se savait menacé, les partisans d’Alénor n’avait pas caché à quel point il le haïssait. Tant que cela permettait de renforcer son prestige auprès des autres, tant mieux.



****



L’ordre était enfin venu. Les conjurés avaient décidé d’assassiner la Consule, d’en finir avec ces façades de faux-semblant. Le peuple pensait que les meurtres étaient l’œuvre de Mwourront et la panique gagnait Séphadora. La mort de la Consule passerait pour une nouvelle perfidie du maître de l’ombre. Et les sénateurs voyant comment les derniers consuls avaient péri décideraient de ne pas les remplacer et de régner seuls. Un plan machiavélique. Voué à la réussite dans l’esprit des traîtres, voué à l’échec dans celui de Livandil.

Il venait d’apprendre le plan, à l’instant, alors que les conjurés étaient déjà partis depuis quelques minutes. Le chef des conjurés dont il connaissait à présent le nom venait de l’en informer, dans un court chuchotement alors que la session sénatoriale s’achevait. Le jeune homme avait laissé échapper une exclamation de stupeur puis s’était dressé d’un bond sous le regard surpris des hommes présents.

Il courait à présent dans les couloirs, sachant parfaitement où trouver la Consule à cette heure. Derrière lui, aucun bruit. Le chef avait dû comprendre qu’il avait été joué mais ne semblait pas avoir encore lancé les autres traîtres à ses trousses. Ou alors, il comptait sur ceux déjà présents sur place pour se charger de lui. Combien étaient-ils ? Le garçon l’ignorait, trop de membres manquaient à l’appel ce soir-là. Mais vingt des absents étaient les pires des conjurés. Nul doute que ceux-là étaient les assassins.

Il accéléra encore, manquant emboutir une statue au coin d’un couloir. Plus que quelques mètres et la terrasse s’ouvrant sur le parc s’étendrait devant lui. Plus que quelques mètres…

Il entendit la voix d’Alénor s’enquérant de sa présence puis la voix d’un conjuré (il ne put dire lequel).

-Il n’est pas là. Il nous a fourni toutes les informations nécessaires pour te trouver mais te voir mourir ne l’intéressait pas.

Avait-il vraiment donné cette impression aux conjurés ? Avait-il surjoué son rôle ? Si c’était le cas…

Il jaillit sur la terrasse. Le spectacle était saisissant. La Consule était seule, droite et fière, entourée des vingt conjurés, qui, l’épée au clair, n’attendaient qu’un mot pour charger. L’apparition brutale du garçon perturba quelque peu la gravité de la scène. D’un bond, il fut devant la Consule, l’épée devant lui, ne laissant aucun doute sur ses intentions.

-Lysaniel ? s’étonna un des hommes, utilisant le faux nom sous lequel s’était fait connaître le garçon.

-Livandil d’Eleissen, deuxième Consul, serait plus juste, traître.

Des exclamations stupéfaites jaillirent de tous côtés.

-Cela fait presque un mois que je vous observe, tâchant de déterminer les meurtriers. Et ce soir, je le sais enfin. Vous ne verrez pas l’aube se lever, traîtres, cent fois parjures à votre rang et à votre honneur !

Les hommes se ruèrent sur l’adolescent dans le but de le tuer. Leur rage aveugle causa leur perte. Une partie d’entre eux furent détruits par la magie d’Alénor, les autres ne résistèrent pas à la furie de Livandil, totalement déchaîné parce qu’il avait failli arriver trop tard.

A la fin, alors que le garçon se relevait, le chef ennemi jaillit à son tour, suivi d’une multitude de sénateurs, parmi lesquels se mêlaient traîtres et alliés. Le carnage les fit s’arrêter, et ils mesurèrent l’ampleur de la situation.

-Ce garçon est un traître, s’exclama aussitôt le chef des sénateurs. Regardez son épée teintée du sang de nos frères. Voyez ce qu’il s’apprêtait à faire, tuer notre Consule bien-aimée. Nos amis sont morts pour la protéger, nous devons les venger et faire périr ce traître.

-Halte !

La voix autoritaire d’Alénor coupa court à la diatribe du sénateur emporté. Sur un regard de la jeune fille, le garçon fit face au chef des Sénateurs conjurés. D’une voix vibrante d’émotions, il dénonça tous les meurtres perpétrés par l’infâme sénateur, il révéla qui il était en réalité, la mission dont il s’était chargé, les choses qu’il avait découvertes. Il conclut :

-Bertrand, je te défie ici et maintenant. Ton sang vengera celui de tous ceux que tu as fait périr !

La phrase claqua comme un coup de fouet dans la nuit, pétrifiant les assistants. Vraiment, en cet instant, avec ses vêtements couverts de sang, ses cheveux volant dans la brise du soir, son regard étincelant, Livandil ressemblait plus à un dieu de la guerre avide de vengeance qu’au jeune homme réservé qu’il était d’habitude.

Le sénateur en était effrayé mais il savait qu’il devait combattre. Il était un épéiste hors pair, l’un des meilleurs du continent. Le garçon ne ferait pas le poids face à lui, surtout qu’il avait déjà affronté un certain nombre d’adversaires.

Et en effet, au début, le duel sembla lui donner raison. Livandil reculait, l’épée de Bertrand le toucha même à l’épaule, le contraignant à changer de mains pour se battre. Puis le jeune homme saisit le regard d’Alénor, l’amour dont il était chargé et cela suffit à lui redonner toute sa vigueur. Ses coups devinrent de plus en plus précis, de plus en plus féroces, contraignant le Sénateur à sortir ses dernières parades.

Un à un, les insignes de sa charge de Sénateur tombèrent sur le sol, tranchés net par l’épée de Livandil. Puis la pointe de l’épée se redressa, visant la gorge. Le sénateur para le coup avant de se rappeler la botte suivant habituellement cette attaque.

Et il sut qu’il avait perdu.

Jamais il n’aurait le temps de redescendre assez vite sa lame pour contrer son jeune adversaire.

L’épée de Livandil amorça un mouvement tournant, passa sous la garde encore trop haute de Bertrand et le garçon se fendit.

Droit au cœur.

Une tâche pourpre s’élargit lentement sur le pourpoint de Bertrand qui s’effondra au sol, mort.

Livandil tomba à genoux à son tour, épuisé, sa main gauche pressant son épaule droite pour contenir le sang qui coulait encore. ****
Fuyant la cohue des sénateurs discutant l’évènement tragique et comprenant combien ils avaient été joués, Alénor et Livandil se retrouvèrent dans un coin du parc, une clairière éclairée par les rayons d’argent pur de l’astre de la nuit. Juste à côté, un bassin orné de statues ajoutait à la paix de l’endroit.


Les deux amants remirent toute discussion à plus tard. Ils s’embrassaient passionnément, contents de se retrouver enfin après ses jours de tension. Livandil savait ce qu’il allait faire. Il était prêt. Il n’aurait pu rêver d’un cadre plus idéal pour ce qu’il s’apprêtait à demander. Se détachant d’Alénor, il mit un genou en terre :

-Alénor, tu es celle que j’ai choisi d’aimer toute ma vie, dans la mort même, si cela est permis aux trépassés. Je t’aime plus que tout ce que tu peux imaginer. Mon cœur et mon âme t’appartiennent depuis le premier jour. Accepteras-tu d’être ma femme ?

Livandil tendit alors à la jeune fille une bague d’or et de pierres précieuses, représentant une fleur. Le bijou était splendide et le garçon savait que cette bague, preuve de leur promesse d’union, siérait parfaitement au doigt de la jeune fille…si elle acceptait de la passer…
Back to top Go down
Alénor d'Endarniel
Admin
Admin
Alénor d'Endarniel


Nombre de messages : 2093
Age : 32
Date d'inscription : 2007-10-13

Vie au palais Empty
PostSubject: Re: Vie au palais   Vie au palais EmptySun 28 Sep à 16:14

Mon impression avant de le lire.... 4 pages et demie, chapeau, tu viens de battre mon record ! c'est parti pr la lecture !
Back to top Go down
Alénor d'Endarniel
Admin
Admin
Alénor d'Endarniel


Nombre de messages : 2093
Age : 32
Date d'inscription : 2007-10-13

Vie au palais Empty
PostSubject: Re: Vie au palais   Vie au palais EmptySun 28 Sep à 16:28

Okay debriefing...


Je peux même pas te dire ce que j'en pense... t'approches de l'excellence là !
D'un coup, t'arrives à te dégager complètement de l'ambiance qui règne depuis le début du jeu. Tu mènes ton histoire, on te suit et point. Enfin ce qu'on attend de toi ptite soeur, le reste était bien mais ça c'est géant Razz

Proud of u !!



PS : may I play with the answer ?
Back to top Go down
Livandil d'Eleissen
Admin
Admin
Livandil d'Eleissen


Nombre de messages : 1969
Age : 33
Localisation : Over the stars, in my dreams...
Date d'inscription : 2008-03-06

Vie au palais Empty
PostSubject: Re: Vie au palais   Vie au palais EmptySun 28 Sep à 16:42

Embarassed Embarassed Embarassed Embarassed Embarassed Embarassed
Very Happy Very Happy Very Happy Very Happy

*dans les pommes*
Je suis vraiment contente de ce que tu me dis, ça me touche beaucoup!


PS: Of course, you can
Back to top Go down
Alénor d'Endarniel
Admin
Admin
Alénor d'Endarniel


Nombre de messages : 2093
Age : 32
Date d'inscription : 2007-10-13

Vie au palais Empty
PostSubject: Re: Vie au palais   Vie au palais EmptySun 28 Sep à 18:36

( le bleu, c'est MA couleur ! PS : une déclaration d'amour à firefox qui a planté mais qui a restauré la session avec TOUT mon texte !! )


Alénor resta figée. La tension des derniers jours avait contraint ses préoccupations à prendre le large ; et voila qu'avec la résolution de tous leurs problèmes, elles revenaient au galop. Bien qu'elle put lire tout l'amour du monde dans les yeux de Livandil, elle se sentait plus seule que jamais. Au bord d'un gouffre qu'elle se demandait si elle pourrait franchir, elle hésita à reculer. Elle savait pourtant parfaitement qu'elle n'avait pas droit à la faiblesse. Livandil avait accompli une mission avec une excellence -et une classe, il fallait l'avouer- rare. Si elle renonçait maintenant, elle était recalée en dessous de son disciple, et ça, elle ne pouvait pas l'accepter. Pour une fois, les lois n'y étaient pour rien, sa fierté seule la guidait. Lorsque la question de son honneur traversa l'esprit de la Consule, une flamme nouvelle s'alluma dans ses yeux. A cette même seconde, une légère brise caressa le visage de la jeune femme.
...oui, Eole, je ferai le bon choix... mais pitié, ne m'abandonne pas, je joue en terrain inconnu...
Les secondes s'écoulaient lentement tandis qu'Alénor, de plus en plus mal à l'aise, cherchait ses mots. Peut-être était-ce celà, l'amour ? Abandonner ses certitudes. Ciel, ce rêve lui gâchait la vie ! D'ordinaire, elle savait parfaitement comment agir. Des années durant, elle s'était entraînée à ne jamais laisser le moindre de ses gestes au hasard, et voilà qu'une misérable prédiction ruinait ses efforts ! Là était sa faiblesse, et les éléments s'acharnaient tous sur le point sensible de la Consule ; elle misait bien trop sur son physique. Il faut dire qu'en tant que Consule, elle avait remporté bien des victoires au travers de la séduction. Certes, nombreux de ces exploits ne méritaient pas de louanges, mais la fierté de la jeune fille n'en avait toujours qu'été augmentée.
Cette demande, pour une fois, était réellement sincère. Avec chacune de ses "conquêtes" Alénor avait veillé à ne jamais dépasser le stade auquel elle s'en était arrêté avec Nathaniel. Cette fois, elle le savait, tout était différent. Les prédictions se réalisaient toujours, et elle avait payé pour le savoir. Alors, l'enfant... celui de Livandil, le Sien... il existerait bel et bien. Et il la tuerait. Bien qu'elle se sentît de moins en moins indispensable, avec les récents évènements, Alénor sentait que la guerre serait perdue sans elle. Son devoir avant son amour. Son devoir sans son amour ? Avec... mais comment ? Sans son atout majeur ? Risqué. Ayant toujours eu une longueur d'avance, la pire crainte de la Consule était d'un égoïsme flagrant : être rejetée par un homme. Et surtout, résister à l'envie de le tuer par la suite ! Une seule issue possible, alors. Prier.
Elle réfléchissait à une vitesse folle tout en sentant l'incertitude grandissante de Livandil. La peur commençait de le gagner, lui aussi. Dans ses gestes, Alénor trouva la force nécessaire pour se ressaisir. Jamais personne ne l'avait tant perturbée que le jeune garçon. Elle lui sourit, sans un mot lui tendit la main et le força à se relever. Jamais un de ses disciples ne devait s'agenouiller devant quiconque. Après avoir accepté la main qu'elle lui tendait, Livandil regarda la Consule droit dans les yeux. Une situation particulièrement déstabilisante. Alénor lui embrassa le front avant de reculer d'un pas. Elle lui adressa un regard tendre, dont elle était certaine qu'il aurait écroulé une armée ( c'est dire si elle était sûre d'elle Wink) avant de parler.

- Merci beaucoup Livandil... pour tout... ta mission, ta confiance... ce que tu viens de me dire... Mais je... si j'accepte, ce sera sous conditions, et il ne faudra franchir les limites sous aucun prétexte.

Elle s'éloignait du sujet, mais leur discussion prenait une tournure nouvelle. A elle de poser ses conditions, à lui d'accepter sa demande. En un sens, cela ressemblait bien plus aux situations dont Alénor avait l'habitude. Néanmoins, cette fois, elle n'aurait su garantir la réaction de son interlocuteur.
Elle soupira.

- Pour ma part, j'accepte de t'épouser. Ma première condition est que cette union ne sera pas publique. La plus secrète possible, pour le moment. Le doute est omniprésent dans cette cité ; depuis des siècles les mariages entres Consuls sont interdits, pour des mesures impartiales. Le peuple craint maintenant les manigances du Sénat, je ne veux pas être accusée des mêmes torts. Je sais que tu me comprendras sur ce point.
Ma seconde condition est plus... restrictive... Même si nous nous marions, jamais je ne devrai coucher avec toi. Je ne peux pas te dire mes raisons, pas pour le moment mais... Je sais que ça n'a aucun sens !

Elle cria sa dernière phrase et détourna le visage. Elle avait plus honte que jamais. Des cheveux s'échappèrent de sa coiffure et vinrent lui caresser les joues. Elle sentit une main de Livandil frôler sa peau et la forcer à le regarder en face. Elle se sentait stupide, faible, mais ne pouvait pas perdre. S'armant de ce qu'il lui restait de dignité, elle soutint le regard de son amant.


( j'arrive pas à croire que t'aies réussi à me faire marquer ça... je te laisse le soin de la réponse de Livandil mais, pour la peine, je m'amuse ! )
***
( je planque la suite, si vous voulez garder une bonne image de votre admin adoré, ne lisez pas Razz ... Si vous avez moins de 16 ans, INTERDICTION de lire la suite ss peine de bannissement immédiat ! lol moi aussi je vous aime !)

Spoiler:


Last edited by Alénor d'Endarniel on Mon 29 Sep à 16:32; edited 2 times in total
Back to top Go down
Alénor d'Endarniel
Admin
Admin
Alénor d'Endarniel


Nombre de messages : 2093
Age : 32
Date d'inscription : 2007-10-13

Vie au palais Empty
PostSubject: Re: Vie au palais   Vie au palais EmptySun 28 Sep à 18:37

Jme relis après la douche, alors regardez pas les fautes ! a tte !!


Mouais, ça va, c'est carément "soft"... ^^
Mais que je vous le dise maintenant, vous aurez rarement ( si ce n'est jamais ) "pire" que ça ici. C'est pas un remake de DI, alors ne vous amusez pas a dépasser les limites.
Back to top Go down
Livandil d'Eleissen
Admin
Admin
Livandil d'Eleissen


Nombre de messages : 1969
Age : 33
Localisation : Over the stars, in my dreams...
Date d'inscription : 2008-03-06

Vie au palais Empty
PostSubject: Re: Vie au palais   Vie au palais EmptyTue 30 Sep à 20:54

[C'est court et j'ai un peu fait joujou Razz , je te laisse la nuit de noces^^]


Livandil fut debout en même temps qu’Alénor. Regardant la consule dans les yeux, un léger sourire sur le visage, il se contenta de lui prendre la main et de lui glisser au doigt la bague qu’il avait créée pour elle. Puis ses traits se rembrunirent légèrement à l’idée de ce qu’il allait devoir dire. Mais il savait que c’était nécessaire.

-Alen…J’ai accepté tes conditions par amour pour toi. Elles ne me coûtent pas tant que ça, tant que j’ai le bonheur, la joie immense de pouvoir te voir, te toucher, te parler tous les jours de ma vie.

Il vit les traits de la consule se crisper légèrement. Il devait absolument clarifier la situation avant que des paroles irrémédiables soient prononcées.

-Nous ne partageons pas la même vision de l’amour…Penses-tu seulement à ce que, moi, je peux ressentir ? Comment veux-tu que je sache comment me comporter avec toi si tu transgresses les lois que tu as toi-même établies ? L’aspect charnel est loin d’être le plus important pour moi…Essaie de me comprendre…Cela ne veut pas dire que je ne t’aime pas, bien loin de là, mais je te demande juste de respecter tes conditions. Ou de ne pas en mettre du tout. Par respect et amour pour moi.

Il vit passer plusieurs sentiments qu’il n’eut pas le temps de définir dans les yeux d’Alénor. Et conclut avec son sourire espiègle sous ses mèches colorées :

-Moi aussi, je t’aime.

Ses lèvres effleurèrent doucement celles de la jeune fille.



***

Les jours suivants passèrent à toute allure. Il fallait en effet réorganiser le Sénat complètement bouleversé par les récents événements. Livandil ayant révélé à tous qu’il était Consul avait été relevé de ses fonctions de sénateurs non sans avoir été chaleureusement remerciés par les fidèles d’Alénor. Ceux-ci étaient même allés jusqu’à s’excuser de l’avoir mal jugé. Le jeune homme était embarrassé de ces éloges provenant d’hommes quatre fois plus âgés que lui. Le nouveau chef du Sénat avait même insisté pour lui remettre une médaille, ce que le garçon avait refusé trouvant que c’était faire beaucoup trop de bruits autour d’une affaire qui n’en méritait pas tant. Alénor l’observait en riant chaque fois qu’il s’écartait brusquement au détour d’un couloir pour éviter de croiser un sénateur qui s’enquerrait immanquablement de son état de santé après le terrible duel contre Bertrand. Mais la magie d’Alénor était passée par là et le garçon avait oublié depuis longtemps qu’il avait même été blessé.



***

Les préparatifs du mariage avançaient également. Les jeunes amants prévoyant une cérémonie simple et discrète, peu de personnes avaient été prévenues. Et celles-ci étaient les plus ferventes admiratrices d’Alénor et ses plus proches amies. Livandil flottait sur un petit nuage [xD] à mesure que le grand jour se rapprochait.

Ils avaient décidé que la cérémonie aurait lieu à l’aube, au lever du soleil. L’un et l’autre considéraient cet instant comme le plus beau de la journée mais aussi le plus discret, puisque leur union devait demeurer secrète.

Le maître de cérémonie, Evaliann, avait dû jurer que jamais, jamais il ne parlerait de cette cérémonie qu’il allait célébrer. Les témoins étaient peu nombreux, Livandil ne connaissant encore personne. Alénor avait choisi pour eux, c’était donc les personnes les plus sûres au monde.

Livandil avait revêtu une magnifique tunique, tissée de fils d’or et d’argent. Un ceinturon de cuir repoussé ornée d’une boucle scintillante ceignait sa taille fine, auquel pendait une épée de cérémonie dans un fourreau rutilant de pierres précieuses. Il avait tenu à la prendre bien que cela l’obligeât à se tenir à gauche d’Alénor plutôt qu’à sa droite. En effet, symboliquement, l’épée ne devait pas séparer les deux fiancés, comme elle l’avait fait pour un autre couple d’amants célèbres.

Livan resta stupéfait un instant en apercevant sa fiancée, oubliant ses réflexes de gentleman. Elle avait toujours été belle. Aujourd’hui, elle était sublime. Une déesse. Ou du moins telle devait être l’apparence d’une déesse aux yeux du garçon. Sa robe étincelait sous le soleil levant et ses cheveux relevés en un haut chignon dégageaient les traits de son visage. Elle rayonnait.

Reprenant ses esprits, Livandil s’élança au devant d’elle et s’inclina sur sa main gantée avant de se redresser pour lui prendre le bras.

-Meleth nin…murmura-t-il, retrouvant les mots d’une langue qu’il avait autrefois parlé, du temps de son vivant. (Mon amour…)

Le maître de cérémonie resta un instant subjugué par la magnificence du jeune couple avant de se reprendre sous les sourires de l’assistance tout aussi marquée. Les deux jeunes gens n’ayant pas de parents, la cérémonie fut simplifiée à l’extrême. Evaliann récita les formules de rigueur.

-Livandil d’Eleissen, Alénor d’Endarniel, promettez-vous de vous aimer et de vous chérir tout au long de votre vie, de ne jamais abandonner votre conjoint quoi qu’il puisse arriver, de protéger le foyer que vous fonderez un jour (le garçon pâlit légèrement en entendant la phrase) et de ne jamais oublier vos devoirs vis-à-vis l’un de l’autre ?

-Sur mon honneur, je le promets.

Alénor répondit de la même manière. Evaliann reprit en se tournant vers Livandil :

-Livandil d’Eleissen, acceptez-vous de prendre pour épouse Alénor ici présente ?

-Oui, je le veux.

La réponse vola, claire et nette, spontanée.

-Alénor d’Endarniel, acceptez-vous de prendre pour époux Livandil, ici présent ?

-Oui, je le veux.

-Devant les dieux, je vous déclare unis par les liens sacrés du mariage.

Il tendit un coussin sur lequel reposaient deux alliances au métal presque encore chaud.

Livandil et Alénor se les enfilèrent mutuellement puis le jeune homme embrassa celle qui était désormais sa femme, la serrant contre lui, leurs cœurs battant à l’unisson.

La signature des registres ne prit que quelques minutes puis les jeunes époux allèrent se changer, avant d’entamer une nouvelle journée de consulat. Ils dissimulèrent leurs alliances par magie, pour ne pas éveiller l’attention.

La journée s’écoula comme un rêve pour Livandil. Les images de la cérémonie tournoyaient sans cesse dans son esprit. Jamais il n’avait été aussi heureux qu’en ce jour. Certes, il savait que ce mariage ne serait peut-être pas consommé mais peu lui importait.

Il aimait Alénor et cela seul comptait pour lui.
Back to top Go down
Alénor d'Endarniel
Admin
Admin
Alénor d'Endarniel


Nombre de messages : 2093
Age : 32
Date d'inscription : 2007-10-13

Vie au palais Empty
PostSubject: Re: Vie au palais   Vie au palais EmptyWed 1 Oct à 5:14

Top génial... un des trucs que je ne pourrai jamais écrire ( ya des scènes comme ca ! je raconterai pas le mariage de Naé et Tiber xD )

Enfin, t'en rajoutes tjrs une couche, comme sur le " je vs fais grace de l'altesse" Razz excellent ^^



PS : Le plus beau moment de la journée, pour Alen et moi, c'est le crépuscule Wink
Back to top Go down
Livandil d'Eleissen
Admin
Admin
Livandil d'Eleissen


Nombre de messages : 1969
Age : 33
Localisation : Over the stars, in my dreams...
Date d'inscription : 2008-03-06

Vie au palais Empty
PostSubject: Re: Vie au palais   Vie au palais EmptyWed 1 Oct à 16:24

Le mariage, j'ai fait un mélange de tout et n'importe quoi, comme ça venait^^

Euh, oui, quand j'écris avec Liv, j'ai tendance à basculer dans la prétention...Je ne savais pas qu'il l'était...Comme quoi, ce n'est pas l'auteur qui choisit le personnage mais le personnage qui choisit l'auteur^^
Il est prince (ou consul^^), le sait, l'accepte et l'assume complètement.


PS: j'en savais rien, j'ai mis au pif. Juste parce que je trouvais ça romantique Razz
Moi, je préfère du crépuscule à l'aube. J'aime pas le jour^^
Back to top Go down
Alénor d'Endarniel
Admin
Admin
Alénor d'Endarniel


Nombre de messages : 2093
Age : 32
Date d'inscription : 2007-10-13

Vie au palais Empty
PostSubject: Re: Vie au palais   Vie au palais EmptyWed 1 Oct à 17:47

Alénor jeta les parchemins sur la table de marbre. Depuis des heures, elle cherchait l'erreur qui ne pouvait être que flagrante... sans résultat ! Evidemment, la place que son époux occupait dans ses pensées laissait fort peu d'espace aux mathématiques. Excédée, la Consule jeta un regard foudroyant à la quinzaine de pages et s'en détourna. Enfouissant son visage entre ses mains, elle tenta de faire le vide en elle. Les chiffres dansaient devant ses yeux clos et elle commençait à ressentir un sérieux mal de tête. Devant tant d'évidences, la jeune femme se résigna à abandonner sa vaine quête et quitta la salle.
Le son des pas d'Alénor se répercutait sur les murs de pierre du palais ; les couloirs étaient déserts, à cette heure tardive. Lorsqu'elle traversa la Salle du Conseil, Alénor eut un pincement au coeur. Une autre mort suspecte avait été à déplorer ce jour-là... l'un des témoins de son mariage. Le vieil homme avait préalablement confié à la jeune mariée que ce jour demeurerait le plus beau de sa vie -et à l'évidence le plus tragique- conclut Alénor. Il faudrait qu'elle annonce la nouvelle à Livandil, tout en sachant que, quelques heures plus tôt, ce même homme les avait unis. Par la simple force de sa pensée, elle leva le sort élémentaire qui conférait l'invisibilité à son alliance ; la jeune fille contempla un instant les reflets de l'or sous la chiche lueur d'une torche et sourit. Elle mourrait d'envie de retrouver Livandil... pourtant l'appréhension la gagnait à nouveau. Pouvait-elle le rejoindre, sans aucune intention de rompre ses engagements ? Ou alors devait-elle se tenir à l'écart "par respect et par amour" comme il le disait... Elle l'ignorait mais supposait que, justement par amour, elle ne pouvait laisser son époux seul pour leur nuit de noces. Il n'avait eu de nouvelles d'elle depuis la matinée, et avait certainement travaillé autant qu'elle depuis leur séparation.
Dilemme superficiel... ils s'aimaient et elle ne comptait aucunement rompre ses promesses.
La Première Consule sursauta. Le jeune homme qu'elle avait faillit heurter de plein fouet avait une main posée sur son épaule et souriait gentiment. Un bref instant, Alénor eut l'intention de s'excuser... avant de réaliser que c'était après les méfaits de cet homme qu'elle avait courru tout le jour ! Le regard du jeune garçon s'attarda sur l'alliance d'Alénor, puis il riva ses yeux bleus dans les siens.


" Ne t'en fais pas ma jolie... Un de tes chers amis m'a tout raconté. Pas de gaité de coeur, certes. Quel spectacle épouvantable ! "


Il parlait d'un ton dégagé et eut un mouvement de tête, comme pour chasser de son esprit un souvenir -très légèrement- désagréable.


" Je ne parlerais pas comme ça à ta place, Jehan. Je sais autant de choses sur toi que toi sur moi... Nous sommes quittes, la chasse peut commencer. "

La voix de la Consule était aussi douce que cassante. Les deux jeunes gens jouaient d'une hypocrisie évidente mais magnifique.

" Allons, Alen, tu n'as aucune preuve et tu le sais aussi bien que moi. Mais je pourrais tirer un trait sur toute cette regrettable histoire si tu acceptais de coopérer. Nous ne sommes pas si différents, toi et moi... "


Alénor remarqua alors qu'il n'avait retiré sa main de son épaule. D'ailleurs, il la serrait plus fort à chaque instant.


" Pas assez différents, j'en ai peur. Tu sais très bien que rien n'aurait pu marcher entre nous. "

Elle se dégagea d'un geste brusque et jeta un regard haineux à son interlocuteur... qui eut l'impudence de rire !

" Tu es encore plus belle quand tu es en colère ! Dis-moi, qu'est ce que tu attends de ton chevalier au grand coeur, au juste ? "

[ xD ] Sous la consonance méprisante qu'il utilisa afin d'évoquer Livandil, Alénor ne put retenir sa magie. Le garçon se retrouva à genoux au sol, ses cheveux, lisses et blonds, lui barrant les yeux.

" Tu crois pouvoir me parler comme à un chiot ! Sache que je suis sauvage, et je ne retiendrai pas mes coups. Quand on s'adresse à la Première Consule, on dit "altesse" et on s'incline... dans la position où tu es en ce moment. "


Au regard qu'il lui lança en retour, Alénor se demanda qui d'elle ou de Jehan était le plus sauvage. Mais elle, elle avait la force du félin. Le garçon répliqua cependant avec fougue.


" Tout doux, ma princesse. Qu'est-ce-que tu crois... tu veux me tuer ? Va l'expliquer aux autres ensuite. Tu ne veux quand même pas perdre la confiance de ton peuple... et celle de ton mignon prétendant quand tout le monde dira pourquoi tu m'as éliminé ! "

Alénor frappa, le sang de son ennemi gicla. Une profonde entaille courrait le long de sa joue, due à la bague de fiançailles de Livandil. Sous le choc, Jehan chancela et plaqua une main sur la blessure.

" Je t'aurai... je trouverai la faille et tout s'effondrera. Tu m'entends, tout ce que tu as construit toutes ces années s'effondrera. Je ne suis ni n'ai jamais été ta princesse. "


La Première Consule laissa le garçon à ses gémissements et continua sa route à travers les couloirs sombres comme si elle n'avait jamais été interrompue.


***


Allongée entre ses draps, Alénor ne parvenait à s'endormir. Elle était arrivée tard dans ses appartements et n'avait osé aller réveiller Livandil. Toutefois, elle ne pouvait s'empêcher de se demander si lui non plus ne pouvait trouver le sommeil. La véritable raison qui avait retenu la jeune femme dans ses appartements était son appréhension, vis à vis de la réaction de son époux. A chaque instant, elle changeait de position dans son lit, espérant trouver celle qui le calmerait. En vain, il fallait s'y résoudre. La Consule s'enfonçait sans cesse les ongles dans la peau -preuve infaillible d'une nervosité extrême. Ce ne fut qu'au bout d'un long moment qu'elle céda enfin et se leva.
Elle observa un instant son reflet dans la glace qui faisait face à son lit. Ses longs cheveux mauves barraient son visage, sa peau était pâle et faisait un écho parfait à sa chemise de nuit ivoire. Impossible de dissimuler à la fois sa fatigue et sa tristesse... Il serait cependant bien plus aisé de se défaire de la seconde, auprès de son époux.
Dans le plus grand des silences, la jeune fille traversa ses appartements et ouvrit la porte qui donnait sur le couloir. Désert, évidemment. Elle se dirigea vers la porte de la chambre de Livandil et l'ouvrit doucement. Il remua légèrement, mais n'esquissa aucun geste qui trahît de la surprise. Il la connaissait déjà par coeur, apparemment. Lentement, elle s'approcha de son époux dans la pénombre et lui posa une main sur l'épaule. Elle vit briller ses yeux émeraudes sous un rayon de lune qui filtrait de la fenêtre et sut dès cet instant qu'il ne lui en voudrait pas. Sans un mot, Alénor contourna le lit et se coucha aux côtés de Livandil. Elle veilla toutefois à laisser entre eux un espace conséquent.
Quelques instants plus tard, totalement détendue, elle finit par s'assoupir. Un vif sursaut la tira de ses débuts de rêverie. Elle se redressa d'un bon, aussitôt imitée par son époux qui voulut la questionner. D'un geste doux, elle lui demanda le silence.


" Jehan... j'ai trouvé la faille. Je sais comment faire tomber le fils de Bertrand. "

N'ayant aucune envie d'expliquer son algorithme à cette heure tardive, Alénor remis la discussion au matin... un seul sourire lui suffit pour cela. Alors qu'elle se recouchait, Livandil prit sa main dans la sienne. Quelques minutes plus tard, Alénor s'endormait.

***

Deux mois avaient passé. Livandil se révélait être un disciple exceptionnel -le meilleur qu'Alénor eut jamais eu- et faisait la fierté de la Consule. Les séances d'entraînement, au termes de longues journées de consulat, étaient les instants préférés de la jeune fille. Le fer rougeoyant de leurs épées sous le crépuscule, une légère brise, les yeux verts émeraudes de son époux...
Une tape sur l'épaule tira subitement Alénor de ses rêveries. Le sénateur assis à ses côtés arborait un sourire amusé. Reportant son attention sur l'instant présent, la Consule se concentra à nouveau sur la énième explication de l'algorithme de Gilder. Il y avait bien longtemps qu'elle avait compris toutes les nuances du programme, mais nombreux des membres de l'assistance demandaient sans cesse des informations complémentaires -mais d'un intérêt douteux ! Le fait que le carré de la somme des termes marchandés en un an soit toujours inférieur ou non à la recette des manufacturiers du quatrième quartier de Séphadora ou non ne changeait rien à l'affaire : le fils de Bertrand allait tomber. D'ailleurs, il était évident qu'il était supérieur, le carré.

A bout de nerfs, Alénor quitta enfin son fauteuil de velours et se dirigea vers les quartiers les plus sombres du palais. Elle était d'humeur massacrante, n'ayant vu son époux depuis le matin ; il était de plus bien trop tard pour qu'une séance d'entraînement soit possible... elle ne verrait pas les reflets du soleil couchant sur les cheveux de Livandil, ce soir.
Arrivée aux portes d'ébène, la Consule frappa trois fois. Elle donna rapidement le mot de passe et passa devant les gardes sans même les voir. Un sourire espiègle aux lèvres, Jehan l'attendait derrière les barreaux dorés de sa nouvelle prison. Alénor jeta un regard glacial au garçon et entra dans la luxueuse cellule. Le fils de Bertrand se leva et vint se camper devant elle. Sur ce, elle constata qu'il n'avait rien perdu de sa beauté -mais qu'elle s'en moquait éperdument ! Livandil avait-il donc changé son coeur à ce point ?
Jehan riva ses yeux dans ceux d la Consule ; ce qu'elle put lire en eux la fit reculer d'un pas.


" Tu as enfin réussi. Ca ne m'étonne pas de toi. Toujours aussi brillante que belle, Alénor... "

La jeune fille eut un rire méprisant.

" Tu ne m'auras pas avec tes simples petits jeux Jehan, plus maintenant ! "

Sans rien changer au flot de sentiments qu'exprimait son regard, Jehan avança vers Alénor et posa une main sur sa joue.


" Je n'ai jamais joué avec toi, ma belle. "


D'un brusque mouvement de tête, elle se dégagea. Parlant bien plus sèchement, elle tentait de retenir sa magie.


" Arrête tout de suite l'hypocrisie. Nous connaissons tous deux le stade suprême de cet art, il ne sert à rien de nous battre dans un domaine qui nous a longtemps rapproché. Laisse aussi tomber la séduction, je ne serai plus jamais tienne ! "


Aux derniers mots de la Consule, un claquement de porte se fit entendre. Apparemment, les gardes avaient d'eux-mêmes compris qu'il était temps de quitter les lieux. Jehan abandonna de fait la douceur ; une flamme était visible dans ces yeux et sa voix devint bien plus assurée. C'était dans de tels instants qu'Alénor l'avait aimé.

" A cause de ton mariage ? Laisse moi rire Alénor... Je sais ce que tu refuses à ton mari. Et oui, comme tu le vois, je suis toujours aussi bien informé. "

L'ironie avait remplacé l'hypocrisie... Laquelle des deux attitudes était la plus détestable ? Alénor l'ignorait, mais les deux la fascinaient, la captivaient.

" Vois-tu Jehan, il y a bien d'autres façon d'aimer... "

" Pour toi ? Tu sais aussi bien que moi que c'est faux, Alen. Ne te mens pas à toi-même... Toi et moi ne faisons pas partie de ces gens là, tu ne changeras pas si facilement, sur commande de ton chevalier servant. Princesse... Pense à toutes ces nuits que nous avons brûlées ensemble. "


Contre sa volonté, certes, le souvenir s'imposa à l'esprit de la Consule. Une époque détestable de sa vie... Guerre, plaisir, extase, une vie bien loin de l'utopie ayant suivi de près la perte de Nathaniel. Bien évidemment, ce n'était pas une excuse suffisante. Les combats de cette époque avaient été de loin les plus violents qu'eût connu Alénor ; la tristesse qui les avait accompagnés, de loin la pire. Les généraux de ce conflits faisaient chaque soir tout leur possible pour effacer les souvenirs de journées sans pitié. Certains buvaient, tout en comprenant que c'était insuffisant pour noyer leur douleur ; d'autres vivaient à l'image d'Alénor et Jehan. Une simple façon de fuir les responsabilités, de quitter une réalité bien trop atroce. Les mois suivants, au palais, tous deux s'étaient comportés comme des enfants ; ils le savaient parfaitement. Dans le fond, ils étaient semblables, ils partageaient souvent la même vision des choses et jouaient sur des terrains similaires.

" Rien d'autre ne nous intéressait, à l'époque... Nous étions jeunes ! Mais c'était bien loin d'être de l'amour ! "


" Alénor, tu ne te rends pas compte de tes actes. Tu refuses à ton époux le meilleur de toi ! Cela même que tu n'as pas refusé à d'autres. Il est pourtant le seul qui devrait te connaître par coeur, non ? Tu ne le garderas pas éternellement en le repoussant ainsi ! Et toi tu ne tiendras pas éternellement non plus. Réfléchis, d'autres veulent de lui... et toi, tu cèderas. Je te connais par coeur, princesse, tu seras incapable de vivre ainsi. Est-ce parcequ'il est un héros ? Le souvenir de Nathaniel est donc toujours si douloureux ? "

Une étincelle de méchanceté, voire de jalousie illumina les yeux de Jehan. D'un revers de la main, Alénor gifla le garçon. Son sourire s'élargit encore devant la colère de la Consule.

" Le sort joue contre toi depuis ce jour maudit pas vrai ? Détends-toi, Alénor, rien de tout cela n'a de réelle importance... "

Il se rapprocha de la Consule et passa un bras dans son dos. Elle resta figée, en proie avec ses pensées ; Jehan profita de l'occasion pour l'enlacer, il lui murmura tendrement à l'oreille :

" Alen... reste avec moi, cette nuit. Ne pense à rien d'autre, juste toi et moi comme avant. Nous n'aurions jamais dû nous séparer, quoi que nous en pensions, nous sommes faits l'un pour l'autre... "


" Jehan... " Elle parla doucement, calmement, presque avec affection. Puis sa voix changea, elle devint plus rude de pouvaient l'être la glace ou la pierre.

" Te quitter est la meilleure chose que j'aie jamais faite ! "

Brusquement, elle se dégagea. Jehan paraissait vexé, Alénor aurait juré qu'il allait la frapper, en cet instant.


" Alors, belle favorite des dieux, c'est tout ce que te réserve la vie ? Ne crois-tu pas que ton cher "protecteur" se devrait d'intervenir ? "

Changement de sujet exécuté à la perfection, belle manière de sauver l'honneur, il fallait l'avouer, alors que le ton de ses paroles accompagnaient ce coup de maître... très risqué, mais splendide.

" Tu t'aventures sur un terrain très dangereux, Jehan ! "

" Allons, pourquoi donc ? Les grands chef de guerre aimés des dieux ont tous des destins tragiques ! C'est à croire que ton maître adoré joue avec ses pions... Cupide, comme tous les dieux et... "


Last edited by Alénor d'Endarniel on Thu 9 Oct à 18:32; edited 8 times in total
Back to top Go down
Alénor d'Endarniel
Admin
Admin
Alénor d'Endarniel


Nombre de messages : 2093
Age : 32
Date d'inscription : 2007-10-13

Vie au palais Empty
PostSubject: Re: Vie au palais   Vie au palais EmptyThu 9 Oct à 18:24

Il ne put terminer sa phrase, la magie d'Alénor l'envoya heurter de plein fouet le mur opposé et il s'effondra sur le sol, inerte. Le simple fait d'entendre quelqu'un dire du mal de son maître révulsait Alénor. Eole était bien plus qu'un "père" pour elle ; son meilleur ami, son confident. Une part d'elle-même et ce qu'elle aimait par delà l'adoration. Son maître, son dieu... tout ce qu'ils voulaient et peu importait ! Tout en sachant qu'elle avait un rapport privilégié avec lui, elle n'aurait su s'en vanter. Jamais, depuis qu'elle vivait une seconde fois, elle n'aurait pu penser le monde sans lui. Il était tout, le prince des dieux, fils de Cypher, le roi Céleste.
Les paroles de Jehan énonçant qu'elle puisse perdre Livandil la plongeait dans une terreur sans nom. Des gouttes de sang ruisselaient d'une plaie sur le front de Jehan. Alénor se détourna vivement et quitta la salle en courant.

Tandis qu'elle parcourait les couloirs au pas de course, sans même regarder où elle allait, Alénor sentait son ombre la poursuivre le long des murs froids, au fil de la chiche lumière que se relayaient les torches. Elle combattait ses peurs et ses larmes lorsqu'elle fut rattrapée par un son... Un son qu'elle avait bien connu. Nath... non, c'était impossible !
La Consule s'arrêta net, attentive. Le son se rapprochait... et les images se multipliaient. Le visage de Nathaniel, son sourire, sa voix douce et ses murmures... Lorsque le son se fit suffisamment proche, Alénor se retourna...


" Star... "


Le loup de approcha doucement de la jeune fille, le regard doux mais implorant, comme pour la sauver d'ils ignoraient quoi. Ses yeux transmettaient tous les sentiments qu'un humain était incapable de signifier. Tant de tendresse, de calme, de douceur... " Je suis ton ami, aies confiance, tout ira bien ". Alénor caressa du bout des doigts la médaille du loup, celle de Nathaniel. Stardust, le cadeau de Selenya à son favori, car tous les Consuls étaient favoris des dieux.


***


Lorsqu'Alénor gagna enfin sa chambre, elle jeta un rapide regard au ciel, par l'immense baie vitrée qui ornait ses appartements. La course de la lune indiquait parfaitement l'heure tardive ; par ailleurs, elle conférait à la pièce une clarté splendide.
Une ombre furtive traversa le jardin ; Star s'acquittait déjà de sa mission... le cadeau de Selenya à Nathaniel reflétait parfaitement le caractère de la soeur d'Eole. La Consule traversa finalement le salon et se dirigea vers sa chambre. De son armoire de chêne, elle choisit une robe aux somptueux contours, veillant toutefois à ce qu'elle ne fût pas de trop révélatrice. Quoi qu'elle ait à dire à son époux, elle ne devait rien faire pour influence son choix ; telle était la nouvelle règle qu'elle s'était imposée. Elle entendait la suivre, quoi qu'il lui en coûte. Evidemment, lorsqu'elle l'eut passée, la même appréhension qui la gagnait chaque soir envahit son coeur. Elle détestait qu'il en fût ainsi, mais elle ne savait que faire, ni même ce qu'au fond elle souhaitait.

Le coeur d'Alénor battait à une allure folle lorsqu'elle poussa la porte de la chambre de Livandil. Comme toujours, il l'attendait avec un grand sourire ; les étreintes, les baisers... Tout jusqu'ici était parfaitement normal, et la Consule en remerciait le ciel. Elle fit un rapîde compte rendu de sa journée, veillant à ne pas trop s'attarder sur sa visite à Jehan - qu'elle passa en réalité sous silence, et écouta le récit de Livandil. Elle avait toujours cette même passion à l'entendre, à le voir parler ; quoiqu'il dise, elle aimait le son de sa voix, le flot d'expressions de son visage au fil de ses raconts...
Ce n'est que lorsqu'enfin, Alénor s'allongea aux côtés de Livandil que tout changea, somme de coutume, entre les deux époux. L'ambiance était plus que tendue, aucun d'eux n'osait se tourner vers l'autre. Les mots échangés ainsi entre eux n'étaient que pure formalité et couverture. L'illusion d'époux normaux ; une image, rien de plus. Doucement, Alénor tendit une main et la posa contre le flanc de Livandil. Sous ses doigts, elle sentit le garçon se crisper, mais il ne dit rien. Une fois encore, elle eut le coeur brisé.


" Livan... "

Sa voix était douce, tendre... comme un murmure ou une prière. Il se tourna vers elle, eut un sourire, mais n'affrontât son regard.

" Ne pourrions-nous enfin être francs l'un envers l'autre ? Je ne peux vivre ainsi, je ne peux supporter cette ambiance ! Tu n'oses me prendre dans tes bras, ni même me regarder dans les yeux lorsque nous sommes ici... Je sais que rien de tout cela n'est ta faute, mais est-ce réellement Cette conception, Celle-là, que tu as de l'amour ? "

Elle soupira. Comme elle s'en doutait, à ce stade de la conversation, elle même n'aurait su tourner le visage vers son mari. Il comprit parfaitement qu'elle n'avait pas fini de lui parler, il ne l'interrompit pas. Alénor n'osa bouger la main qu'elle tenait toujours posée sur le flanc de Livandil. Elle cherchait ses mots, mais, venant de son coeur en évitant soigneusement de passer par sa tête, ses paroles étaient celle d'une jeune fille et non d'une Consule.

" Je t'adore ! Vraiment, je t'aime plus que tout ! Je t'ai fixé des limites sans t'expliquer mes raisons, tu n'as eu qu'à accepter... Au fond, tu ignores quels secrets j'ai pour toi. Je suis tellement désolée, tout est ma faute. "


Elle retint ses larmes, mais cette fois, il se redressa et la regarda fixement. Il voulut intervenir, au moins la consoler, pensait-elle, mais d'un geste tendre elle le fit renoncer. Il fallait qu'elle lui avoue ces choses... non qu'elle se contente de la douceur de ses bras.


" Ecoute, Liv... sur la route pour Séphadora, après que tu m'aies sauvé des démons, j'ai eu un rêve, ou plutôt une vision. La seule fois où il m'a été donné d'en voir une autre, elle s'est réalisée. De manière souvent innatendue, elles se réalisent toujours...
Dans cette prémonition, je... nous... enfin, je mourrais... en donnant naissance à notre enfant... "


Elle hésitait à avouer cela à Livandil, avoir rêvé de leur enfant bien avant qu'il la demande en mariage la mettait mal à l'aise. Elle savait pourtant que jamais leur situation ne s'améliorerait si elle ne lui parlait pas, maintenant, à coeur ouvert.

" Ce n'est pas tout, Liv. La guerre était perdue parceque tu es resté à mes côtés, et Ils t'ont tué. Ecoute, si un jour cette situation devient réalité, ne reste pas avec moi, pars. Pars où ils te tueront, et jamais tu ne sauveras notre enfant. La seule solution, si tu veux par la suite récupérer notre bébé, ce sera de me laisser. En restant, tu nous condamnerait tous les trois... Si tu me jures que tu partiras, pour mieux attaquer par la suite, deux d'entre nous survivront. Je t'aime tant... cette promesse, c'est le plus beau cadeau que tu puisses me faire.

Je me fiche bien de mourir, pour ma part, si tu acceptes de m'offrir cela. Si tu acceptes, si tu me promets de choisir la vie, je laisse tomber toutes mes barrières absurdes. Plus aucun voile entre nous, je suis entièrement à toi, sans conditions. "


Elle n'en dit pas plus, mais ses yeux parlaient pour elle. Depuis plusieurs mois, enfin, ils se regardaient dans les yeux sans plus aucun sous entendu. En attendant la réaction de Livandil, Alénor retira sa main, loin de la chaleur du corps de son mari. Elle s'était juré de ne pas influencer son choix, et ce n'était pas me moment de flancher... En réalité, il était vrai que sa propre mort ne l'effrayait pas le moins du monde, à côté de la peur qu'elle avait que Livandil refuse sa requête. Mourir ne serait qu'un achèvement, si elle avait pu goûter au bonheur suprême. Elle sentait que tout serait différent, que rien ne serait comme avec ceux du genre de "Jehan". Ayant dépassé ce cap, elle désirait désirait qu'il l'aime... Pas à sa façon, ni à celle d'Alénor ; d'une nouvelle façon, domaine dans lequel elle sentait qu'elle ne le décevrait pas.
Back to top Go down
Livandil d'Eleissen
Admin
Admin
Livandil d'Eleissen


Nombre de messages : 1969
Age : 33
Localisation : Over the stars, in my dreams...
Date d'inscription : 2008-03-06

Vie au palais Empty
PostSubject: Re: Vie au palais   Vie au palais EmptyThu 16 Oct à 20:38

[j'adore le passage sur l'algorithme, il me fait trop rire^^...je te mets déjà le début, je réfléchis encore à la suite, pour l'instant impro totale et c'est un peu lyrique^^]


Livandil resta figé un long moment après qu’Alénor se fut tue. Le poids des révélations qu’elle venait de lui faire l’écrasait quelque peu et il se sentait perdu. Il sentait la jeune fille dans l’expectative à ses côtés. Il ne répondit pas directement, préférant choisir ses mots avec le plus grand soin…et surtout, savoir ce qu’il allait vraiment dire ! Car que dit-on lorsque l’amour de sa vie vous demande de l’abandonner parce qu’elle court un danger mortel? Que répond-on à cette demande d’absolu, à cette demande de preuve d’un amour plus fort que la raison, plus fort que la mort elle-même ? Que peut-on faire lorsqu’on doit choisir entre sa femme et son enfant ? Un choix impensable, un choix impossible. Et c’est pourtant ce choix qu’il devait effectuer maintenant. Sacrifier alors la vie à venir, renoncer à la joie pure d’avoir un enfant ? C’était l’une des choses qu’il avait le plus désirée autrefois, il s’en souvenait en ce moment, et il le souhaitait encore. Existaient-ils vraiment des dieux assez cruels pour imposer une telle épreuve à un homme, fût-il un héros ?

Livandil avait l’impression d’étouffer sous la torture de ces questions auxquelles il n’avait pas de réponse. Il se leva, uniquement vêtu de son pantalon et alla ouvrir la croisée qui menait au balcon de sa chambre afin de respirer l’air frais de la nuit. Alénor ne le suivit pas, il savait qu’elle tenait à ce qu’il fasse son choix seul, sans influences, sans manipulations d’aucune sorte. Le jeune homme s’accouda à la balustrade de pierre, inspirant profondément, indifférent au froid pourtant vif qui régnait en ce milieu de nuit. Il se plongea dans les étoiles, cherchant dans ces astres immortels une réponse satisfaisante. Leur vue l’apaisait toujours, il y trouvait une paix qui n’existait que dans l’infini du ciel, procurant réconfort et quiétude à qui le demandait. Livandil s’emplit les yeux et le cœur de ces étoiles louangées par les poètes de tout temps et de toute époque. Cette fois, néanmoins, elles restèrent muettes, pâles et figées dans leur éternité, insensibles au malheur de celui qui les implorait. La seule aide qu’elles lui accordèrent fut leur force, et l’éclat des rêves qu’elles suscitaient.

Lorsque Livandil se retourna pour faire face à Alénor, celle-ci ne put retenir un tressaillement. La lumière des étoiles semblait rayonner à travers lui, l’emplissant d’une force intérieure, assurant et affermissant le choix qu’il venait de faire. Ses fins cheveux colorés volaient dans la brise nocturne et ses yeux d’émeraude brillaient d’un éclat farouche. Il perdait quelque chose de vital en répondant à cette question, les dernières illusions d’une innocence d’âme à présent disparue à tout jamais. Livandil ne serait jamais plus le jeune garçon rencontré par Alénor, la Consule avait éteint en lui ce dernier éclat de l’enfance. Certes, il avait combattu risquant sa vie plus souvent qu’à son tour, certes, il avait déjà tué, certes, il ne perdait pas tout honneur en répondant. Simplement l’idéalisme qui le caractérisait et une dernière part d’enfance, qu’il avait conservés plus que tout.
Il s'en séparait aujourd'hui.
Cela, il l’offrait à Alénor.
]Par amour.

Livandil, toujours silencieux, fit signe à la jeune fille de le rejoindre sur le balcon. Elle obéit, ignorant tout des réflexions de son époux, inquiète de ce mutisme terrible et effrayant.

Face à face sous la lumière d’argent de la lune, les deux jeunes gens échangèrent un long et terrible regard, qui valait toutes les conversations, toutes les discussions. En ce moment, ils mettaient leurs âmes à nue, sachant que leur vie se déciderait dans les prochaines phrases prononcées par Livandil, dans le dialogue le plus franc et le plus honnête qui ait pu exister entre eux.
Livandil attendit encore un instant. Il voulait choisir ses mots avec le plus grand soin, ne pas faire de promesse qu’il savait qu’il ne tiendrait pas. Etre véritablement lui dans ce moment de vérité.

Lorsqu’il parla, ce fut d’une voix rauque, cassée, qui résonna étrangement dans le silence de la nuit, laissant derrière elle les dernières douceurs de l’enfance :

-Alénor…je ne choisirai jamais la vie si ton destin est la mort…

La jeune fille se tendit, le garçon lui lança un regard lui demandant de ne pas l’interrompre. Il n’avait pas encore terminé et l’effort exigeait beaucoup de lui. Prenant une profonde inspiration, la voix toujours aussi rauque, les yeux brillants d’une lumière irréelle, il reprit :

"-C’est ce que je t’aurai répondu il y a une demi-heure encore. Tes révélations sur notre enfant, sur nous deux ont tout bouleversé. Je ne renierai pas ce que je t’ai dit, je ne trahirai pas le serment de notre mariage car je t’aime toujours de tout mon cœur, de toutes mes forces, de toute mon âme. Tu es la plus belle fleur de Séphadora et je n’aurai jamais pensé rencontrer un jour une femme comme toi. Ton odeur m’enivre plus qu’un parfum capiteux, ta voix est la plus belle des musiques, un air pour qui je donnerai Beethoven et Mozart, ta vue enchante mes yeux plus que ne le feraient toutes les merveilles de la création. Pour toi, je brûlerai l’eau, je noierai le feu, je capturerai le vent, je ferai fleurir la terre entière, simplement pour te prouver la force de ces trois mots : je t’aime. Sur mon âme, ces paroles sont les plus vraies que j’ai jamais prononcées, je sais que tu le sais. Et pourtant, je te promets, je te jure sur ce que j’ai de plus sacré au monde que si nous ne parvenons pas à faire mentir la porphétie, si jamais la situation que tu m’as décrite advient, je resterai à tes côtés jusqu’au dernier moment. Non pour trouver la mort avec toi mais pour renouveler ce serment que je fais ce soir : Je partirai avec notre enfant, si tout espoir est perdu pour toi, mais je trouverai le moyen de te faire revenir, de te faire vivre de nouveau à nos côtés. Ton souvenir vivra en moi et en notre enfant mais je me dévouerai jusqu’à ce que je puisse demander aux dieux de te permettre de me rejoindre quoi qu’il puisse m’en coûter. Tu ne peux me demander moins, ce sont les seules conditions que je te donne pour vivre notre amour en vérité."

Les larmes roulaient sur les joues d’Alénor, fragiles perles de cristal données en réponse à celui qui lui offrait tout. Livandil les essuya de ses doigts fins de pianiste avant d’enlacer la jeune fille. Le visage niché dans le cou d’Alen tandis que les larmes de celle-ci mouillaient son torse, ils s’étreignirent, véritablement unis pour la première fois.

Alors, le jeune homme prit la jeune fille dans ses bras et la porta jusqu’à leur lit.

[***rideau*** xD]

***


Le lendemain et les jours suivants restèrent parmi les plus beaux de sa vie aux yeux de Livandil. Alénor et lui s’aimaient à présent sans entraves, toute gêne avait disparu entre eux, dissipée par la mise au point effectuée un certain soir.
Ils étaient jeunes.

Ils s'aimaient.

La vie rayonnait pour eux, parée de ses plus beaux atours.
***


La seule ombre au tableau restait Jehan, le fils de Bertrand. Alénor avait confié les activités de trafiquant auxquelles se livraient le jeune homme à Livan, sans lui avouer pour autant la relation qu’elle avait eue avec lui.
Livandil le croisa un jour, presque par inadvertance, dans le couloir.


Last edited by Livandil d'Eleissen on Sat 18 Oct à 20:29; edited 1 time in total
Back to top Go down
Alénor d'Endarniel
Admin
Admin
Alénor d'Endarniel


Nombre de messages : 2093
Age : 32
Date d'inscription : 2007-10-13

Vie au palais Empty
PostSubject: Re: Vie au palais   Vie au palais EmptyFri 17 Oct à 16:04

T'as réussi à me faire pleurer... J'en reviens pas, franchement, comment on peut écrire aussi parfaitement ?
Enfin, j'avais raison sur un point... Ca a du bon, l'impro ! Wink
Back to top Go down
Livandil d'Eleissen
Admin
Admin
Livandil d'Eleissen


Nombre de messages : 1969
Age : 33
Localisation : Over the stars, in my dreams...
Date d'inscription : 2008-03-06

Vie au palais Empty
PostSubject: Re: Vie au palais   Vie au palais EmptyFri 17 Oct à 16:19

Je t'ai fait pleurer? *happy* Chuis pas sadique, simplement, ça prouve que j'arrive à faire passer des émotions...j'ai galéré pour l'écrire, surtout que je voulais écrire au moins une page Word sans que Liv parle^^
Back to top Go down
Alénor d'Endarniel
Admin
Admin
Alénor d'Endarniel


Nombre de messages : 2093
Age : 32
Date d'inscription : 2007-10-13

Vie au palais Empty
PostSubject: Re: Vie au palais   Vie au palais EmptySat 18 Oct à 9:45

PS oublie pas qu il était en prison... où fais intervenir la libération Razz
On att la suite avec impatience !
Back to top Go down
Livandil d'Eleissen
Admin
Admin
Livandil d'Eleissen


Nombre de messages : 1969
Age : 33
Localisation : Over the stars, in my dreams...
Date d'inscription : 2008-03-06

Vie au palais Empty
PostSubject: Re: Vie au palais   Vie au palais EmptySat 18 Oct à 20:30

[C'est trop long pour tenir sur un seul message, et comme je ne sais pas où se fait la coupure, je n'ai pas envie de perdre mon temps à faire des essais^^...désolée, je suis un peu partie en live, révélations en perspective, quoiqu'il s'agisse uniquement des déductions de Liv' Razz]


Le jeune homme l’attendait, c’était évident à voir son attitude déterminée, bras croisés, le dos droit, regard fixe.

Le jeune consul n’oubliait pas qu’aux yeux de Jehan, il restait l’assassin de son père. Il ignorait que le sénateur déchu avait une raison supplémentaire de lui en vouloir. L’aurait-il su que Jehan n’aurait pas vu le soleil se coucher sur sa dernière journée…

-Altesse, s’écria-t-il en l’apercevant, et il semblait impossible de mettre autant d’ironie dans un seul mot. La révérence qui accompagna la salutation aurait valu à elle seule un premier prix d’irrespect.

- Comment t’es-tu évadé de ta prison, traître ?

Les beaux traits de Jehan se plissèrent sous l’insulte et Livandil ne put s’empêcher de porter la main à la garde de son épée, en un mouvement instinctif. Un rictus tordit les lèvres du jeune homme en face de lui.

-Mes complicités restent nombreuses au sein du palais, consul. Toi, tu règnes en t’appuyant sur le prestige donné par la mort de mon père. Mais souviens-toi que s’il faut peu de temps pour bâtir une réputation, il en faut encore moins pour la détruire à tout jamais.

-C’est gentil de t’inquiéter pour moi mais je n’ai pas l’intention de m’en tenir là. Le grand nettoyage de printemps n’est pas encore achevé, que tu puisses chanter victoire.

-Tu es peut-être doué pour les jeux de cour mais as-tu réellement déjà combattu ? Dans le sang et la mort, au milieu de tes amis mourants, dans les cris et les pleurs des blessés, les gémissements des lâches ? As-tu combattu ? As-tu vu tes camarades, tes frères et sœurs mourir sous tes yeux ? As-tu combattu ? As-tu eu la responsabilité de dizaines de vie que tu as envoyé se battre en sachant qu’aucune ne reviendrait ?

Jehan s’exaltait, ses yeux brillaient d’une lueur presque démente, son souffle s’accélérait tandis que les questions se bousculaient sur ses lèvres. Il était beau, beau comme un ange déchu.

-As-tu combattu ?

-Oui et je me battrai encore pour l’honneur et la gloire de ce pays, pour sa survie. C’est mon devoir de consul, mon droit d’habitant d’Atlanteis.
Le garçon ricana.


-Tu dis ça mais tu n’es même pas capable de protéger Alen dans l’enceinte du palais, fit-il en toisant Liv comme s’il se demandait s’il valait la peine qu’il s’adresse au consul. Nombreux sont ceux qui la regardent et la désirent. Nombreux aussi sont ceux qui l’ont déjà eu, qui ont eu l’expérience de ses étreintes passionnées…

La main de Livandil jaillit, frappant Jehan en pleine figure. Le nez du garçon craqua et un flot de sang coula. Glacial, ignorant qu’il venait d’imiter sa femme, le garçon aux cheveux multicolores toisa son adversaire qui tentait d’enrayer l’hémorragie.

-N’insulte jamais plus Alénor devant moi. Ou tu regretteras d’être venu au monde, crois-moi.

Et dans une brusque volte-face qui fit tournoyer sa cape de consul, Livandil reprit son chemin.

Il tremblait de rage devant l’outrecuidance de Jehan. Le garçon savait forcément qu’il était marié avec la première consule, sinon il ne l’aurait pas attaqué sur ce terrain. Il aurait pu le faire plus subtilement, en se contentant d’allusions plutôt que de parler aussi franchement. Il semblait avoir cédé sous le coup d’un brusque ressentiment, de la jalousie même…
Livandil n’en voulait pas à Alénor. Elle avait eu sa vie, il avait eu la sienne. Leur conception même de l’amour différait trop pour qu’ils viennent de la même époque, pour qu’il puisse comprendre pleinement la jeune fille.

En revanche, la mention de la guerre lui faisait découvrir une nouvelle mention de Jehan…Le fils du sénateur semblait y avoir pris une part active, sans doute aux côtés des consuls eux-mêmes…Et soudain, Livandil voulut en savoir plus sur cette guerre qui déchirait Atlantéis, en savoir plus sur le rôle joué par les consuls, en savoir plus, en fin de compte, sur Alénor…

L’endroit le plus approprié pour commencer était la bibliothèque et particulièrement la section secrète réservée aux consuls. Le garçon avait été émerveillé en découvrant les vastes étagères qui recelaient des dizaines de milliers de volumes, pour autant de promesses de lectures passionnantes. Fasciné, il s’était enfoncé parmi les rayonnages, osant à peine palper du bout des doigts les couvertures récentes et celles qui tombaient en poussière, les rouleaux de parchemin, comme les in-folio. Tant et si bien qu’Alénor avait cru un instant qu’elle allait le perdre, qu’il allait s’évanouir dans ce monde d’encre et de papier qui était le sien, rêveur solitaire.

Mais ce jour-là, il n’était pas question de s’attarder parmi les livres ensorcelants. Il savait exactement ce qu’il cherchait. Les archives. Qui détenaient tous les secrets du palais, les scandales, les coups d’Etat, les guerres, tout.

Livandil se concentra sur celles des dernières années. Elles étaient édifiantes. La guerre et ses ravages. Les comptes rendus étaient plus qu’explicites, le jeune homme avait rarement vu un tel degré de violence se déchaîner entre des hommes. Les stratégies des consuls, Jehan Bertrand cité à leurs côtés comme un second fidèle, les attaques de Mwourront, les contre-attaques de Nathaniel (le dernier consul avant lui) et d’Alénor…Livandil engloutit les centaines de pages indigestes avant d’arriver au point tournant de la guerre.

La mort de Nathaniel.
Le jeune homme pâlit. Les armes du consul étaient représentées à côté de son nom, des armes qu’il connaissait pour les avoir vues autour du cou de Star, le loup d’Alen…il comprenait à présent. Et Jehan avait dû être d'un précieux réconfort à cet époque...
Selon les textes, Nathaniel était parti affronter Mwourront. Alénor et Jehan s’étaient précipités à sa suite pour l’en empêcher. Ils étaient arrivés trop tard. Alénor restait la seule consule d’Atlanteis.
C’était également à ce moment là, juste après la disparition du consul, que la guerre avait pris un nouvel aspect. Mwourront semblait avoir adopté des plans d’attaque radicalement différents. Plutôt que d’attaquer en masse, il apportait à présent une dose d’intelligence dans ses plans, les transformant en embuscades machiavéliques. Alénor répondait courageusement, déjouant les tentatives de capture avec autant d’ingéniosité qu’il en mettait à les concevoir.
Puis, peu à peu, le conflit s’était entériné, chaque parti préférant une guerre plus discrète, moins coûteuse en vies. Les armées de l’un comme de l’autre n’étaient pas éternellement remplaçables. Les annales n’apportaient plus rien de nouveau, Livandil les referma. Il ne réalisa pas vraiment que la nuit était tombée, ayant allumé magiquement quelques bougies pour continuer à déchiffrer les textes. Il se rejeta dans son fauteuil regardant le lourd livre posé devant lui avec un air de dégoût, tout en réfléchissant profondément.

Tout le passé, tous les liens unissant Alénor, Jehan et Nathaniel, lui faisaient sentir en cet instant qu’il n’était qu’un étranger arrivé récemment. Les noms dansaient dans son esprit hébété de lecture.

Alénor. Nathaniel.
Alénor. Jehan.
Alénor. Edwin.
Alénor et lui...

Il ne remettait pas en cause l’amour d’Alénor, il savait qu’elle l’aimait. Cela lui suffisait amplement.
Mais quelque chose clochait dans cette guerre. Il y avait baleine sous gravillon et il entendait bien percé ce mystère.

Mwourront attaquant massivement.
Alénor et Nathaniel.
Disparition de Nathaniel face à Mwourront.
Mwourront plus intelligent, une intelligence stratégique…un esprit de consul…
Mwourront. Nathaniel.
Nathaniel. Mwourront.
Deux hommes.

Qui n’étaient plus qu’un.

C'était une certitude aux yeux de Liven, une certitude qui pulsait en lui, qui rayonnait de lumière éclatante tant elle était évidente. Devait-il en parler à Alénor? Lui montrer qu'il savait? Ou non? Il ne se voyait pas lui mentir, surtout pas ce genre de choses. Il ne demandait pas d'explications, souhaitait simplement montrer à la jeune fille qu'il la comprenait, qu'il pouvait l'aider si elle le désirait. C'était tout.
Il se leva, et , d'un pas ferme et décidé, quitta la pièce obscure où le livre révélateur se trouvait à nouveau dissimulé parmi les multiples autres rapports. Arpenter les couloirs du palais agit comme un baume apaisant sur le jeune homme, il put calmer ses sentiments bouillonnnants et ainsi montrer un visage impassible au page qui s'avançait vers lui.
-Altesse, s'inclina l'enfant. Un homme désire vous rencontrer. Il se nomme James Wallace.
Le nom rappela le corsaire à la mémoire de Livandil. Au cours du mois écoulé, il avait plusieurs fois croisé le pirate dans les ailes du palais mais préoccupé par la nécessité de faire tomber Bertrand, il l'avait quelque peu oublié. Que peut-il bien me vouloir? se demanda-t-il tout en emboîtant à l'enfant qui lui ouvrait la route.
La question ne se posa pas longtemps, la réponse arrivant à sa rencontre.

[Hop, édité^^ OK pour le coup des rapports incomplets...je signale qund même que ce sont les consul(e)s qui les rédigent Razz ]


Last edited by Livandil d'Eleissen on Thu 23 Oct à 16:35; edited 1 time in total
Back to top Go down
Alénor d'Endarniel
Admin
Admin
Alénor d'Endarniel


Nombre de messages : 2093
Age : 32
Date d'inscription : 2007-10-13

Vie au palais Empty
PostSubject: Re: Vie au palais   Vie au palais EmptySat 18 Oct à 21:06

NICKEL !!!! cette fois tu m'as fait rire... la libertine de service entre en scène !! LOL
un truc super à noter, auquel tu m as fait penser. C'est parcequ'ils se connaissaient parfaitement, je veux dire Alen et Nath, que la guerre n'avance pas d'un pouce...



Manque plus qu'elle lui raconte sn histoire à Miami xD quoique, la provoc de Jehan est aussi explicite que géniale !





Les rapports de guerre sont pas super fidèles ;p, il en reste encore un peu à Alénor, pr qu'elle puisse le lui raconter !
Back to top Go down
James Wallace

James Wallace


Nombre de messages : 114
Age : 29
Localisation : Sous la mer
Date d'inscription : 2008-03-07

Vie au palais Empty
PostSubject: Re: Vie au palais   Vie au palais EmptyFri 24 Oct à 16:22

[Sorry, (tiens, je me met a parler anglais)la réponse est un peu coute mais etant donné que c'est un résumé...]

Après l’arrivée a Séphadora, James s’arrangeât pour trouver une chambre au palais .La, il se reposa et visita le palais. Un malaise inexplicable s’emparait de lui a chaque fois qu’il allait dans certaines parties du châteaux. Une sorte de sensation bizarre, de pressentiment face a un danger le faisait reculer dans des parties plus sure du château.
Il s’appliquât alors a fouiller de fond en comble le château , trouvant moult cachettes et passages qu’il consigna dans une carte qu’il gardait en lieu sûr dans une des poches de son manteaux. Malgré cela, il ne trouva rien de suspect.
Puis un matin, il ne ressentit plus ce malaise, était-il guérit ? Puis lisant,furetant et interrogeant, il s’aperçut que la nuit ou il se sentit mieux correspondait aà la nuit ou le fameux Livandil avait purgé le sénat de ses traîtres. Il consignât ces faits étranges dans un carnet où il mettait toutes les informations sur Atlanteis.
L’envie de naviguer le reprit et il enchaînât petits boulots et travails pendant deux mois jusqu'à amasser un petit pactole intéressant mais largement insuffisant pour acheter ne serait-ce qu’un bateau de pêche et naviguer en barque n’était pas franchement ce qu’il cherchait.
Les jours passaient, il travaillait toute la journée et dés qu’il avait du temps libre, il s’entrainait au sabre dans l’une des salles du palais. Ce fut pendant l’un de ses entraînements qu’il se souvint…
Il tomba face contre terre.
Il était sur un bateau plutôt petit qui possédait une vingtaine de canon, la majorités des voiles était triangulaire prenant le vent de coté. Un hommes vint le voir, il venait de la proue et tenait une longue vue repliée et il dit

Nous les rattrapons, capitaine.
Il y eut un flash et James se trouva au prise avec 2 pirates avec autour d’eux une bataille faisait rage, et James chantait reprit en cœur par des pirates sur exités. Avant la fin du rêve un oiseau tout gris voleta près de James.

James se réveilla avec la sensation qu’ont lui picorait le crâne. Quand il se releva il fit tomber une petite boule grise. Il se rappela alors son rêve, et, les idées extraordinairement en place il se leva,prit le petit oiseau sur son épaule,ramassât son sabre et sortit.
Il avait une démarche assurée et alla directement dans la salle d’audience des consuls y marquât son nom comme quoi il voulait parler a l’un des consul. Atlanteis n’avait pas de corsaire,très bien, il faudra quelqu’un pour commencer.
Back to top Go down
Alénor d'Endarniel
Admin
Admin
Alénor d'Endarniel


Nombre de messages : 2093
Age : 32
Date d'inscription : 2007-10-13

Vie au palais Empty
PostSubject: Re: Vie au palais   Vie au palais EmptySat 25 Oct à 9:52

[ C'est dur d'enchaîner... Je fais une ellipse et
tu come back ensuite Liv ?

Ben, c'est pas grave pour les lignes, moi aussi je vais faire court. Comme ça,
on pourra jouer chacun notre tour sns attendre les réponses une semaine ( I
hope so ) ( et oui, je parle pour
moi... je vais essayer d'être plus rapide ds les délais ! ) ]





Les jours nouveaux s'annonçaient parfaits ; Alénor ne se souvenait pas avoir un jour été si heureuse. Plus de barrière entre son époux et elle, c'était en réalité le plus beau cadeau qu'il ait pu lui faire. Par delà les responsabilités qu'impliquait la guerre, la purgation du Sénat et autres, elle devait avouer qu'elle connaissait un état proche du bonheur... mais elle n'avait toujours conté son passé à Livandil, et cela elle le lui devait. A chacun de leurs entraînements au crépuscule, alors que le Soleil couchant étincelait dans les yeux de son époux et qu'elle le voyait comme l'enfant d'un dieu, elle se reprochait indubitablement sa faiblesse. Faiblesse induite par l'amour, peut-être, mais faiblesse qu'une Consule ne pouvait s'autoriser.


L'esprit encore embrumé, Alénor s'éveilla. Il était encore tôt, les oiseaux ne chantaient pas encore dans les arbres du parc. Luttant contre un sommeil tentant, la Consule s'étira en soupirant. La tâche du jour ne serait pas aisée, elle le savait, mais elle avait souvent rêvé cette heure... L'instant qu'elle allait enfin réaliser. Evidemment, au souvenir d'une belle victoire, le sommeil se fit bien moins pressant. Alénor s'habilla à la hâte, déposa un baiser sur le front de son époux endormi - si ce n'était le cas, il faisait un acteur parfait - et quitta la chambre sans bruit.
L'atmosphère générale du palais était tendue, ou bien était-ce seulement l'esprit de sa Première Consule qui se répercutait sur ses murs... Après tous, il s'agissait d'une affaire d'Etat, un procès très privé.
Alénor s'enfonça dans les couloirs les plus sombres du domaine des dirigeants de Séphadora ; elle posa une main sur la garde de son épée et eut un sourire. Elle tremblait d'excitation. Quelques secondes plus tard, alors qu'elle posait une main sur la poignée d'or d'une porte hermétiquement close, Stardust la rejoignit au galop. Après avoir distraitement caressé la tête du loup de Nathaniel, la Consule se pencha, lui embrassa la truffe et murmura.

- Je ne le trahirai pas, ne t'en fais pas... Je l'ai aimé tout comme toi.

Du bout des doigts, elle frôla la médaille scintillante aux armoiries de son prédécesseur, l'ancien Premier Consul. Star et elle échangèrent un ultime regard et Alénor posa la main à plat contre la porte du Tribunal de Guerre. Ce seul Tribunal, au sein de Séphadora, était présidé par le Premier Consul. Bien que sénateurs et avocats fussent présents -une chose qu'Alénor avait instaurée de sa vie antérieure- seule la décision du Président avait force de loi. Il choisissait, envers et contre tous ou avec leur accord, mais il choisissait.
Lorsque la porte s'ouvrit ayant reconnu la marque magique de la favorite d'Eole, les murmures se turent aussitôt. Au coeur de la salle disposée en demi-cercle, Jehan se tenait parfaitement droit, sur un siège aux armatures d'or et de velours pourpre. Ses expressions étaient détendues, à la limite même de l'ennuie... Une étincelle passa dans ses splendides yeux bleus lorsqu'ils croisèrent ceux de la Première Consule. Une nouvelle fois, elle afficha son masque et demeura impénétrable. De toutes les manières, rien ne traversait son esprit en cet instant. Elle sentait pulser la réalité, elle sentait qu'elle tenait la ville au creux de sa main. Elle sentait le pouvoir et la victoire, mais ne "ressentait" rien. Tout était bien trop concret, même pour une scientifique. L'exaltation pure, la réalité sans faux-semblants... Enfin, elle le tenait ; enfin il avait basculé. Fierté personnelle ? Et alors, une victoire était toujours joyeuse à remporter, lorsqu'on ne pouvait plus faire machine arrière au sein de la guerre.
Seul le son des pas de la Consule était audible entre les murs du Tribunal de Guerre ; lentement, inflexible, elle avança vers le devant de la pièce et fit face à l'assistance. Elle seule avait le droit de se tenir debout. Stardust vint s'asseoir près d'elle et fixa l'assistance de ses yeux perçants. Tous retenaient leur souffle, désireux de se faire oublier de la Dirigeante Suprême du pays. Quand elle affichait cette expression, tous -y compris Dame Annaline -et faites qu'elle s'abstienne de répondre à l'évocation magique de son nom- - la craignaient. Se ressaisissant, Jehan eut un rictus méprisant.


- Vous savez tous très bien que ces accusations sont ridicules !

Alénor ne bougea pas ; elle dirigea seulement sa magie vers la gorge de Jehan qui manqua s'étouffer. Des murmures choqués s'élevèrent. Comment cet homme osait-il prendre la parole devant la Première Consule, un traîre qui plus est, qui avait été banni du Sénat il y avait fort longtemps.

- Accusé ! Taisez-vous ! S'il me prend l'envie d'entendre de viles paroles soyez certain que je m'adresserai à vous avant tout autre. Il ne me semble pas que nous ayons du temps à perdre !
Allons, faites entrer les Accusateurs.




La journée fut longue, les Accusateurs tout d'abord précisèrent les torts qu'ils adressaient à Jehan, puis vint le tour des Premiers Témoins, ensuite les Témoins Secondaires qui précédaient eux mêmes les Mathématiciens. L'algorithme de Gilder fut expliqué une énième fois, bien qu'il ne fût compris que de ceux qui le connaissaient déjà si bien que leurs vies, puis les résultats fusèrent. Jahan était coupable d'un détournement de fonds de la Guilde des Manufacturiers, des milliers pour être précis. La Consule se rappela de son passé que détourner de simples milliers était un délit quasi ridicule ; cependant ici, le monde était très réduit. Les valeurs étaient très différentes de celles de l'Amérique dans laquelle elle avait grandi, et les milliers ici représentaient des millions... Une île, pas même aussi grande que l'état de Floride, et dans laquelle des Hommes se livraient bataille. Il y avait de très nombreuses choses qu'Alénor ne s'expliquait pas, mais ici la population était fort peu nombreuse et le commerce était parfait. Chaque objet, chaque salaire... Tout était réglé à un très juste prix qu'on eut dit fixé par les dieux même, si bien que personne ne manquât de rien et que, par le même temps, les marchands gagnent de très équitables revenus. C'était cela, la fierté des habitants de la Capitale... et en cela, le délit était immense que de tenter de renverser ce système. Un tel acte désignait le mépris des autres, le mépris d'un équilibre total et, pour peu qu'on fût légèrement extrémiste, le mépris des Dieux.
Sous ces considérations, tous attendaient un verdict sans appel.

Alénor se leva. Elle se tint droite et noble en fixant une assemblée à nouveau silencieuse. La Consule entendit Stardust souffler doucement à ses côtés.
*Il a sauvé la vie de Nath... Il a commis un crime contre la cité... Mais il lui a sauvé la vie, au péril de la sienne... Il a faillit ruiner Séphadora et envoyer des milliers de familles à la rue... Mais il a tout trahi pour sauver Nath, ton grand amour, il l'a fait pour toi...*
Dilemme horrible... L'argent avait été rendu dans son intégralité à la Guilde...

- L'accusé est disculpé, l'audience est levée.

Aussitôt, les protestations et hurlements en tous genres emplirent la salle. Jehan ne bougea pas.

- SILENCE ! J'ai dit que je levais cette audience, certainement pas que j'autorisais le Sénat à afficher le caractère animalier qui le caractérise !


Tous se turent, bien qu'affichant des airs outrés. Alénor s'en contre-fichait, elle les comprenait parfaitement. Une seconde fois, la tête de celui qui les avait trahis leur échappait. Mais c'était eux qui avaient souhaité la mort de Nathaniel ; Alénor le leur aurait reproché avec joie, mais elle savait qu'en définitive, la tentative sénatoriale avait été déjouée et qu'elle était seule responsable de la disparition de l'ancien Consul. L'accusé fut emmené, Alénor quitta la salle sans un mot, sans daigner répondre aux nombreuses questions qui l'assaillaient. D'ailleurs, elle ne les écoutait même pas.


Last edited by Alénor d'Endarniel on Mon 27 Oct à 9:02; edited 2 times in total
Back to top Go down
Alénor d'Endarniel
Admin
Admin
Alénor d'Endarniel


Nombre de messages : 2093
Age : 32
Date d'inscription : 2007-10-13

Vie au palais Empty
PostSubject: Re: Vie au palais   Vie au palais EmptySat 25 Oct à 18:23

***

La jeune femme regagna immédiatement sa chambre où elle espérait trouver son époux. Elle fut particulièrement déçue qu'il ne l'y attende pas.
Elle retira son épée de sa ceinture, la posa sur son lit et alla se préparer. Elle mourrait de faim. L'audience n'avait été suspendue à aucun moment tant l'affaire était capitale, et aucun n'avait pu avoir de répit. Magiquement, elle fit apparaître quelques biscuits et une tasse de thé et manqua de s'endormir dans son bain.

Elle passa ensuite une robe mauve et alla s'asseoir sur son lit en caressant la garde de son épée.

Livandil arriva peu de temps après. Il semblait tourmenté et la Consule en devinait les raisons... sans être certaine de rien pour autant. Aucun des deux ne dit rien, ils se contentèrent de sourire. Alénor ouvrit les bras, invitant son époux du regard. Il vint vers elle, elle le prit dans ses bras et lui embrassa la joue. Elle lui parla doucement, le front appuyé contre le sien.


- Jehan est libre... Il a sauvé la vie de Nathaniel, je sauve la sienne. Un simple honneur, comprend-le bien.
Je sais ce qui te préoccupe, Livan... Tu ne me connais pas, tu cherches à me sauver mais tu ignores de quoi, pas vrai ?
Viens...

Elle le serra plus fort contre elle et l'embrassa à nouveau. Il la laissa continuer.

- Je suis arrivée ici après qu'Eole m'ait élevée. En réalité, tous les Consuls sont les favoris d'un des dieux, mais peu deviennent leurs disciples privés... Du monde des dieux, je ne sais ce que je peux te raconter, car tout y est indescriptible. Je ne saurais te dire combien de temps j'y demeurai. Par la suite, Eole, le fils de Cypher, m'a nommée Consule. Dame Annaline s'est occupée de moi ici, comme une vraie princesse.

Elle eut un petit rire et caressa la joue de son époux.


- Bien... peu de temps après Selenya a nommé Nathaniel Premier Consul. Il était plus âgé que moi et jamais une femme n'avait pu accéder au poste, alors sa décision était légitime. Si tu veux vraiment savoir, oui je l'ai aimé... Nous étions jeunes et je n'avais alors le caractère que j'ai gagné avec le temps. Une mentalité de Consule, certes, avec l'entraînement d'Eole... mais aussi un coeur d'enfant. Nath était comme moi sur ce point et...

Alénor s'asséna une claque mentale afin de s'empêcher de pleurer, peine perdue ; elle serra son époux contre son coeur et l'embrassa longuement. Elle s'allongea sur son lit, sans pour autant relâcher son étreinte. Quelques minutes plus tard, elle concéda enfin à reculer de quelques centimètres.

- Inutile de te décrire la suite... Puis Giller est arrivé ; nous l'estimions beaucoup mais il est toujours demeuré en retrait. Le peuple aimait Nath, et Nath m'aimait ; c'était de nature commune, mais rien ne nous permettait d'être ensemble. Comme je te l'ai déjà dit, deux Consuls ne pouvaient s'unir pour un problème d'impartialité lors des jugements.
Règle que j'ai bafouée pour toi, d'ailleurs ( ajouta-t-elle avec un clin d'oeil )
La guerre au sens strict a fini par débuter... Une guerre atroce, je ne saurais te décrire les horreurs que notre peuple a connues. Dans les deux camps, les femmes et les enfants mourraient sous les coups des épées. Une des techniques de guerre les plus prisées était, au départ, de donner les armes à de jeunes enfants. Nos Hommes hésitaient alors à frapper et étaient tués. Les jeunes de cette période ont tous grandi la haine dans le coeur. Contre qui, contre quoi ? Nul ne le sais... la haine des hommes, la haine de la souffrance.
Plus le temps passait, moins cette technique fonctionnait. Les soldats, voyant le mal partout, massacraient même les femmes et les enfants innocents, afin de conserver la vie.
Je ne peux te retranscrire les hurlements, dans les cités en feu... Des bébés arrachés, tués devant leurs mères ; des braves torturés.
Aux camps, l'ambiance était encore plus terrible. La magie était partout ; ils tuaient, mais pas sans souffrances, les blessée et les endormis, les médecins, les marchands... Tous.
Combien d'Hommes au bord des routes avons-nous vus, tous agonisants dans les mares de leur sang ? Des enfants mourants appelant leurs mères, ou suppliant seulement que quelqu'un les regarde, qu'une dernière personne comprenne qu'ils existaient. Combien d'entre eux imploraient seulement leurs frères de ne pas les laisser mourir seuls ?
Tortures, mutilations... tout, et dans des proportions inimaginables. Liv, le sol d'Atlante était certainement totalement rouge à cette époque.
Et Nath, Giller et moi nous en avions la responsabilité entière. Tu comprends certainement que, pour nous, ce conflit a été terrible. Mais ça n'a pas été le pire pour moi, car Nath me réconfortait... alors, l'espoir était bien plus grand.
Giller est tombé dans une embuscade au grand désespoir du Sénat... Ils souhaitaient la mort de Nathaniel... Charismatique, influent, il avait le peuple pour lui et couvrait d'ombre les sénateurs. Il n'avait rien contre eux, simplement le peuple comptait bien trop sur nous, nous Seuls.
Ensuite, ils ont tendu un second piège, bien pire, à Nath... c'est Jehan, alors leur plus jeune membre, qui nous a prévenus. Il l'a fait par amour pour moi, mais il lui a sauvé la vie. En cela, je ne pouvais pas le condamner, et surtout pas pour le Sénat.
La véritable erreur, mon amour, c'est moi qui l'ai commise. Nous nous sommes retrouvés face à Mwourront, Nath et moi. Il m'a dit de fuir, qu'il avait la situation en main. J'ai refusé. J'ai eu tort, seul il s'en serait sorti. Mwourront a changé de plan d'attaque et m'a frappée. Nath l'a tué, pour me sauver la vie. Alors, il a dû prendre sa place. Il m'a donné Stardust, disant qu'il mettait en lui son coeur et son amour pour moi, afin de ne jamais les ternir. Et il m'a demandé de ne jamais revenir, de l'oublier et que lui-même était mort...


Alénor enfouit à nouveau son visage dans les plis de la tunique de son mari. Il lui caressa le dos. Elle était certaine qu'il l'aurait laissée arrêter son récit, s'il devait la faire souffrir ; cependant elle n'était pas sûre de pouvoir le reprendre plus tard.


- Après, la guerre a continué quelques mois, le temps que la magie noire gagne le coeur de Nathaniel. Là, c'était réellement horrible. J'ai vu la mort en face pour la première fois. Plus de masques, d'illusions ou de protection. La mort, et moi en première ligne de combat. Le peuple a reporté sur moi son affection pour le Premier Consul, et les Sénateurs ont voulu me tuer. Ils avaient expulsé Jehan de leurs rangs, évidemment et... si je suis sortie avec lui, comprend bien que ce n'était pas par amour. Juste une façon de me détacher des horreurs de la guerre et par la même de provoquer le Sénat. Les Hommes n'avaien plus d'espoir ; las, seuls, épuisés et souffrants... Nombreux buvaient pour oublier leurs peines, d'autres vivaient comme Jehan et moi. Tu sais, quand tu as atteint un tel abysse, l'amour ni la haine ne comptent plus. Tuer ou être tué, agir ou subir, oublier ou laisser vos pensées vous torturer. Nous tentions tous d'oublier, par tous les moyens... Peine perdue, mais au front il ne nous restait rien, et pas plus en arrière. Je sais que ma conduite a été honteuse pour une Consule, d'ailleurs je ne savais même pas pourquoi je frappais l'ennemi. Au fond, la mort était ce que je désirais. Machinalement, je me battais, comme maintenant je me lève afin de me rendre dans la salle à manger. La haine, la souffrance et la mort étaient notre quotidien.
( Alénor eut un rire tout sauf amusé ) Tu dois me prendre pour une dabauchée... C'est peut-être pas tout à fait faux mais... enfin !

Presque brutalement, la guerre a cessé. J'ai raconté au peuple que Nathaniel avait été tué, non qu'il était maintenant le mal suprême... Plus pour lui que pour moi, bien que ça ait servi aux deux. Néanmoins, je me moquais pas mal de ma vie !
Les mois qui suivirent, au palais, je me suis comportée en parfaite idiote. Jehan et moi nous affichions par pure provocation à l'égard des Sénateurs qui fulminaient. Jamais je n'ai été amoureuse de lui, crois-moi.

Ensuite, eh bien... j'ai grandi. Je n'ai plus jamais été la même qu'avant cette guerre, et j'aurais souhaité que tu me voies autrement.
Pour ce qui est de la guerre actuelle, depuis que Nathaniel occupe le camp opposé, elle n'a guère avancé. Il me connait par coeur, en tous points... il en est de même pour moi en ce qui le concerne. Je sais que c'est assez curieux, mais ça a toujours été ainsi. Je suis toujours restée à la tête de toutes les offensives, et les Hommes me font confiance. Très peu de morts ont été à déplorer depuis que Nath et moi nous affrontons. En réalité, c'est bien plus une guerre psychique qu'armée. Deux amants au combat, chacun au devant d'un camp ; qu'attendre de l'issue de la guerre ? Livan, je sais très bien qu'il n'est plus lui-même et qu'il aurait souhaité que je le défasse... Mais que ferais-tu, en toute sincérité, si pour sauver Séphadora il te fallait me tuer de sang froid ? Sois franc, le ferais-tu ? Quelle volonté te faudrait-il ?
Pardon, pour cette vision de moi, mais je ne veux pas te mentir. De cette nouvelle vie, je connais tout de toi, il est normal qu'il en soit de même pour toi.
Je t'aime, Livan... je te promets que je t'aime !




Pardon pr la longueur... et surtt pr le style pourri !! xD j'ai pas fait exprès. Les idées comptent hein Razz
Biz


Last edited by Alénor d'Endarniel on Mon 27 Oct à 9:01; edited 2 times in total
Back to top Go down
Livandil d'Eleissen
Admin
Admin
Livandil d'Eleissen


Nombre de messages : 1969
Age : 33
Localisation : Over the stars, in my dreams...
Date d'inscription : 2008-03-06

Vie au palais Empty
PostSubject: Re: Vie au palais   Vie au palais EmptySun 26 Oct à 10:48

Wahou...c'est super beau, j'en ai les larmes aux yeux... Crying or Very sad
Back to top Go down
Alénor d'Endarniel
Admin
Admin
Alénor d'Endarniel


Nombre de messages : 2093
Age : 32
Date d'inscription : 2007-10-13

Vie au palais Empty
PostSubject: Re: Vie au palais   Vie au palais EmptySun 26 Oct à 18:15

Je ne redis pas ce que je t'ai dit par sms hein ^^ mais je le pense tj autant...

Juste, désolée pr la mise en page, et je crois que j'ai oublié 2, 3 détails que je vais ajouter


EDIT

Vla pour le paragraphe et la mise en page xD
Back to top Go down
Livandil d'Eleissen
Admin
Admin
Livandil d'Eleissen


Nombre de messages : 1969
Age : 33
Localisation : Over the stars, in my dreams...
Date d'inscription : 2008-03-06

Vie au palais Empty
PostSubject: Re: Vie au palais   Vie au palais EmptyTue 18 Nov à 21:01

[Le début de la suite...tout ce que j'ai fait et c'est pas glorieux]


Livandil resta silencieux longtemps après qu’Alen se fut tue. Chacune des phrases, chacun des mots prononcés par la Consule avaient été comme autant de coups de poignards, comme autant de flèches parfaitement ajustées. L’horreur de la guerre, la haine, la souffrance de la guerre, qu’elle avait dû supportées sans lui, qu’elle avait combattues aux côtés d’un autre… L’amour qu’elle avait eu pour Nathaniel, qu’elle ressentait encore pour lui le blessait plus qu’il n’aurait voulu l’admettre. Il aurait voulu haïr le jeune homme, pouvoir en penser tout le mal qu’il souhaitait mais son sacrifice était trop noble, trop généreux pour qu’il puisse même penser une telle chose. Un instant, il se dégoûta lui-même.

Le sacrifice qu’avait accompli Nathaniel était un acte magnifique qui aurait dû être salué plutôt que détesté. Il savait ce qui l’attendait s’il tuait Mwourront, il savait qu’il ne serait plus jamais le même et pourtant, il l’avait fait. Pour sauver celle qu’il aimait, pour sauver Alénor. Livandil ignorait s’il était capable d’un tel geste. Mourir pour elle, oui, mais mourir en l’aimant, mourir en gardant son souvenir empreint dans son cœur, mourir en se rappelant leurs étreintes, leurs éclats de rire…Mais se donner ainsi, accepter de perdre jusqu’au souvenir de cet amour comme l’avait fait Nathaniel, c’était un don incroyable, un don total de soi. Un don d’amour absolu. Accepter de perdre cet amour pour que celui-ci vive…Nathaniel avait fait plus que donner sa vie, il avait sacrifié son être entier, sa personnalité, tout ce qui le rendait unique, tout ce qui avait été sa vie.

Livandil l’admira, Nathaniel lui apparaissait comme un modèle au lieu d’un rival. Et, en sus de cela, il se rendit compte qu’il aurait été incapable d’haïr une personne qu’Alen avait véritablement aimée. C’aurait été nié une part de sa vie, une part de ce qui la rendait telle qu’elle était à présent. Nathaniel avait fait partie intégrante de la vie d’Alénor, il devait l’accepter. Intérieurement, il se jura de se montrer à la hauteur du Consul, de ne jamais décevoir Alen, que jamais elle ne regrette d’avoir été avec lui…Sa promesse lui revint en mémoire.

-Je sais que tu m’aimes, murmura-t-il à son oreille, jouant avec les mèches de ses cheveux violets. Tu n’as pas besoin de me le jurer…et je t’assure que je ne t’en veux pas. Comment le pourrai-je d’ailleurs ? Comment pourrais-je te reprocher d’avoir aimé ? Comment pourrais-je te reprocher les décisions que tu as prises, moi qui n’ai quasiment jamais connu une telle horreur, qui n’ai jamais eu à soutenir une charge comme la tienne ? Alénor…ne te reproche pas tes actes passés à cause de ce que je pourrais en penser. Je sais que tu as toujours fait pour le mieux, ne te dénigre pas pour moi. Moi aussi, je t’aime, conclut-il avec un léger sourire.

La jeune fille se blottit dans ses bras et il l’embrassa.

Plus tard, juste avant qu’ils ne s’endorment, il lui glissa encore :

-Merci de m’avoir tout raconté. Que je sache la vérité ne change rien entre nous mais c’était important pour moi, afin de comprendre, de mieux accepter tout ce qui se passe. Merci de ta confiance…

Il sentit la main d’Alénor presser la sienne puis ils s’endormirent, comblés.



***

La routine journalière des consuls reprit ses droits et les jours qui suivirent s’avérèrent épuisants pour l’un comme pour l’autre. Le mardi était jour de doléances. Les consuls siégeaient dans leur salle du trône, recevant leurs sujets qui venaient leur exposer leurs craintes pour l’avenir, leurs querelles de voisinage, leurs réclamations concernant les impôts demandés par certains seigneurs. Livandil s’efforçait de s’y intéresser mais rien à faire, il pensait sans cesse au Sénat et à la guerre, qui lui paraissaient nettement plus importants que l’emplacement d’une clôture. D’ailleurs si les combats reprenaient, il n’était même pas certain que ce champ existerait encore…alors quel intérêt de mettre une barrière ?

Ses yeux distraits parcoururent l’assemblée et, plus intéressant, la salle. Bâtie en longueur, la salle du trône était la plus grande pièce du palais, conçue pour impressionner les visiteurs quels qu’ils fussent. Le sol était de marbre, bois précieux et or se partageaient les murs, le plafond n’était qu’un immense dôme de cristal qui laissait entrer des flots de lumière. L’allée conduisant aux trônes était encadrée de chaque côté de statues de verre rehaussées d’or éblouissaient par la perfection de leurs lignes. Les trônes, surélevés, étaient également en or parsemés de pierres précieuses sans nombres et sans prix : saphirs, diamants, rubis et émeraudes qui se croisaient, se rencontraient, dessinant d’étranges entrelacs de couleurs.

De chaque côté des trois sièges consulaires (^^), dont l’un restait en permanence vide, Giller n’ayant pas été remplacé, se trouvaient les chaises des membres du Conseil, vingt Sénateurs choisis pour représenter l’ensemble du Sénat.

Livandil sursauta lorsqu’un coude s’enfonça dans ses côtes. Alénor le regardait en souriant. Confus de s’être laissé prendre en plein délit de distraction, le jeune homme se redressa et jeta un coup d’œil furtif autour de lui. Heureusement, personne ne semblait s’être rendu compte de la brève absence de leur consul. L’homme debout aux pieds des trônes continuait de débiter ses réclamations d’une voix monocorde. Liv ne perçut que la fin de la phrase :

-…et c’est pourquoi je demande à Vos Altesses de répondre à ma demande.

Quelle requête avait-il bien pu formuler ? S'agissait-il de poulets ou de lapins? De dot, de clôture...?

Il n’eut pas l’occasion de s’interroger davantage. Les portes de la salle s’ouvrirent brusquement, et leur claquement résonna jusque sous le dôme. Toute l’assemblée se retourna d’un seul mouvement pour voir qui osait perturber l’audience. Le silence se fit peu à peu lorsque les spectateurs virent qui s’avançait et les rangs des assistants s’ouvrirent à mesure de sa progression jusqu’à former une véritable haie d’honneur silencieuse.

EDIT:

D’où ils étaient, les consuls pouvaient à peine voir celui qui s’avançait vers eux. Enfin, les derniers rangs de la foule s’écartèrent. L’homme qui leur faisait face était en piteux état. Ces vêtements, presque des haillons tant ils étaient abîmés, étaient couverts de terre et de poussière, auxquelles se mêlaient des traces sombres qui ne pouvaient qu’être du sang. Son visage émacié portait les stigmates de souffrances passées et ses yeux profondément enfoncés dans leurs orbites promenaient un regard désenchanté autour de lui. Visiblement, cet homme avait traversé de terribles épreuves pour arriver jusqu’à Séphadora. Alors que Liv s’apprêtait à lui demander les raisons de sa venue, l’homme proclama d’une voix rocailleuse :

-Par le nom des dieux d’Atlanteis, je demande une audience privée aux consuls.
La formule rituelle qui exigeait la pleine attention des Consuls. Des murmures coururent à travers toute la salle, les courtisans se penchant les uns vers les autres, surprise et anxiété peintes sur leur visage. Livandil se leva aussitôt. Alénor était déjà debout. Ils levèrent la séance, reportant à plus tard les dernières demandes. La salle fut évacuée dans le désordre le plus total, les nobles ne cessant de discourir entre eux en jetant des regards furtifs vers les deux consuls et le messager.

Livandil entraîna l’homme dans un salon jouxtant la grande salle où ils seraient plus à l’aise pour discuter tranquillement. Il lui proposa des rafraîchissements, offrit qu’il se restaure avant toute discussion. L’homme refusa. Le consul l’invita alors à parler.
-Je me nomme Indrajit, débuta-t-il. J’habite le village de Jagai, vers l’est, à quinze jours de marche de Séphadora. Y a plus d’un mois, je suis parti dans la direction où le soleil se lève pour chasser. Mais j’ai vu quelque chose de terrifiant.
A ce souvenir, l’homme, qui ne semblait pourtant pas sensible, fut parcouru d’un frisson. Les deux consuls échangèrent un rapide regard sans laisser aucune émotion apparaître sur leurs visages.
-Le seigneur noir, Mwourront…il rassemble des troupes. Elles sont déjà considérables et leur nombre cesse pas d’augmenter. J’ai observé autant qu’j’ai pu puis j’suis parti. Je crois qu’il ne va pas tarder à se mettre en route vers Séphadora. Je voulais vous prévenir, conclut-il simplement.
Les consuls lui posèrent alors un certain nombre de questions concernant l’armée ennemie, tâchant d’évaluer la force de ce qu’ils devraient bientôt affronter. Les créatures utilisées, l’armement, le nombre, Mwourront (Livandil se refusait à penser à lui sous le nom de Nathaniel) semblait avoir mis tous les atouts de son côté pour s’assurer une victoire éclatante…et avec la désunion qui régnait entre les Consuls et le Sénat, le moment était plus que propice pour une offensive. Lorsque enfin l’homme assura qu’il ne savait rien de plus, Liv prit la parole :
-Merci beaucoup pour ces nouvelles. Vous nous avez été d’un précieux secours. Venez vous restaurer à présent, et je vais demander à ce que l’on prépare une chambre du palais pour vous.
L’homme se confondit en remerciements, affirmant qu’il n’avait fait que son devoir. Livandil sonna et peu de temps après, un domestique arriva et prit Indrajit en charge. Les deux consuls se retrouvèrent seuls, avec le poids des alarmantes nouvelles.
-Je suppose que c’est toujours mieux que d’être pris par surprise, murmura Livandil.
L’ampleur des moyens mis en œuvre allait nécessiter la mise en place d’une stratégie importante. Les généraux devraient être convoqués, les armées rappelées et entraînées, la défense de Séphadora organisée ainsi que la protection du peuple, notamment les vieillards et les enfants.
Cependant cela demandait une union de tous. Pas seulement militaire ni civile mais politique. Si le Sénat intervenait, se mêlait des préparatifs, tout serait embrouillé, confus et finirait par aboutir à un gâchis total et une défaite certaine.

-Nous devrons parler aux Sénateurs, les convaincre de nous remettre les pleins pouvoirs militaires…Ca ne va pas être facile.

Ils décidèrent d’y aller immédiatement, ce serait autant de temps de gagné. Alénor appela un page et lui confia un message ordonnant à tous les généraux de se présenter au palais le lendemain à la première heure. Le Sénat s’était malheureusement dispersé. Ils avaient peut-être entendu la nouvelle mais n’avait pas attendu l’arrivée des Consuls, qui remirent au lendemain leur explication avec les Sénateurs. Alénor et Livandil travaillèrent toute la nuit à élaborer le plan qui permettrait de préparer Séphadora à la guerre en un minimum de temps. Ils étudièrent les anciennes défenses de la ville, décidèrent des réparations à effectuer, des mesures à prendre pour les rendre encore plus efficaces. Aucun des deux ne dormit cette nuit-là.

***

Le lendemain matin, Alénor, ayant à peine pris le temps de se changer, partit la première pour se rendre dans la salle du Sénat. Livandil s’attarda le temps de régler un ou deux détails de plus puis rangea tous les documents, afin qu’ils ne soient pas à la disposition de tous les traîtres potentiels passant dans le coin. Une fois les papiers mis en sûreté, il se dépêcha le long des couloirs pour ne pas arriver en retard mais il fut arrêté par un page. Alors qu’il s’apprêtait à le dépasser, le jeune garçon l’interpella :

-Altesse, j’aimerais vous parler.


-Je n’ai pas beaucoup de temps, mon garçon. Reviens plus tard.

-C’est que…c’est important.

-Je t’écoute mais fais vite, fit Livandil en jetant un coup d’œil à sa montre.

-Nous aimerions combattre à vos côtés, déclara franchement l’enfant.

C’était clair, net et précis. Instinctive, la réponse le fut tout autant.
-Non.

Livandil se demanda vaguement comment il pouvait être au courant mais la nouvelle de la guerre avait dû se répandre comme une traînée de poudre. Voyant le regard déçu de l'enfant, il tenta d'atténuer le coup.

-Impossible, les pages ne sont que des enfants. Les plus âgés n’ont que treize ans, il est hors de question que vous vous battiez.

Tout en parlant, Livandil était douloureusement conscient qu’il n’avait que quatre ans de plus qu’eux. Mais son cas était différent. Et l’idée même que des enfants puissent prendre part au conflit l’horrifiait. Ils ne pouvaient pas assister à de telles horreurs. Mais le garçon qui lui faisait face était au moins aussi obstiné que lui.

-S’il vous plaît, Altesse. Nous apprenons à manier les armes. Nous voulons défendre notre cité contre ses ennemis. Vous ne pouvez nous refuser ce droit.


Last edited by Livandil d'Eleissen on Sat 22 Nov à 16:02; edited 1 time in total
Back to top Go down
Livandil d'Eleissen
Admin
Admin
Livandil d'Eleissen


Nombre de messages : 1969
Age : 33
Localisation : Over the stars, in my dreams...
Date d'inscription : 2008-03-06

Vie au palais Empty
PostSubject: Re: Vie au palais   Vie au palais EmptySat 22 Nov à 15:59

[suite et fin! xD]

"S’il ne tenait qu’à moi, ces enfants seraient sénateurs », ne put s’empêcher de songer Livandil, surpris et ravi de l’enthousiasme du page qui se tenait fier et droit dans son uniforme resplendissant. Il réfléchit à toute allure. Quoi qu’en dise le jeune garçon, l’ordre d’un Consul avait force de loi. D’un autre côté, vu la volonté qui émanait du page, il se doutait que les enfants ne suivraient pas ses consignes –du moins, tant qu’elles n’iraient pas dans le sens qu’ils voudraient. Et s’ils se battaient en dépit de tout, Livandil savait qu’aucun ne s’en sortirait. Il prit rapidement sa décision.

-Vous ne combattrez pas ouvertement…


Mine affligée du page.

-Cependant, votre aide sera la bienvenue. Je pense qu’on pourra vous confier des missions de confiance, vous porterez les missives entre les différents généraux ou vous ferez office de sentinelles pour que les soldats puissent dormir. C’est le mieux que je puisse faire pour vous. Avec l’accord de vos parents naturellement.

Le visage du jeune garçon rayonnait littéralement de joie.


-En attendant, continua le Consul, donne-moi ton nom, je t’en reparlerai plus tard. Je dois me rendre au Sénat de toute urgence.

-Je m’appelle Baudoin, lança le page qui s’inclina puis partit en courant, sans doute pour rejoindre ses camarades.

Souriant, Livandil s’élança vers la salle du Sénat.

Lorsqu’il entra, les Sénateurs venaient à peine de s’installer. Alénor était déjà là, elle lui sourit en le voyant entrer, à moitié essoufflé. Le sénateurs discutaient entre eux de l’incroyable nouvelle qui était tombée la veille au soir mais ils ne savaient quasiment rien de plus, aucune décision ne leur avait été communiquée.

Leur tumulte s’apaisa aussitôt que les deux jeunes gens réclamèrent le silence. Une première, songea Livandil, sombrement amusé. Les deux consuls avaient choisi de jouer cartes sur table avec eux, ne leur cachant rien de la menace qui s’annonçait. Ce fut lui qui parla.

-Sénateurs, je sais que la mésentente règne entre nous depuis trop longtemps. Des ingérences, des erreurs ont pu être commises dans le passé. Mais aujourd’hui une menace autrement plus grave nous a été transmise. Mwourront semble déterminer à lancer un nouvel assaut.

Des exclamations de stupeur retentirent un peu partout alors que la confirmation de la guerre prenait sa pleine réalité. Les rumeurs pouvaient être ignorées, pas les informations des consuls. Un sénateur protesta néanmoins, affirmant que cela ne pouvait être vrai. Livandil le toisa d’un regard glacial.

-Je peux vous présenter l’homme qui nous a alerté et je ne doute pas un seul instant qu’il hésitera à vous répéter ce qu’il nous a dit. Cela me semble cependant d’une importance mineure. Le fait est que Mwourront passe à l’offensive. Nous ne disposons que de quelques semaines au plus. C’est peu, bien trop peu pour organiser une défense correcte et dans l’état politique actuel, ce serait impossible. Les premières priorités sont de restaurer les défenses de la ville, protéger la population et entraîner l’armée. Cela ne pourra se faire que dans un esprit d’unité politique, avec un commandement simple. C’est pourquoi je demande au Sénat de voter une résolution donnant les pleins pouvoirs militaires aux Consuls.

Le tollé fut indescriptible. Des Sénateurs se levèrent, le poing brandis, hurlant des injures. D’autres criaient que c’était une folie, une absurdité. Les derniers ne disaient rien mais ils tremblaient de rage dans leurs fauteuils de velours. Quelque uns seulement regardaient les Consuls d’un air plutôt bienveillant. Livandil dut crier pour parvenir à se faire entendre. Sa voix résonna dans tout le Sénat, amplifiée par les murs qui agissaient comme caisses de résonance. Son regard se posait sur chaque Sénateur les forçant à baisser les yeux chacun à leur tour.

-Regardez-vous Sénateurs. Vous injuriez, vous criez, vous protestez. Où est l’intérêt de votre pays dans tout cela ? Où vous placez-vous dans ce conflit ? Du côté de Séphadora ou de Mwourront ? Continuez ainsi et vous aurez à porter tout le poids d’une défaite terrible, d’un massacre impitoyable. Continuez ainsi et tout ce qui a été bâti depuis des siècles retournera à la poussière dont ils sont issus. Vos maisons seront rasées, vos familles exterminées. Il ne restera plus que la mort. Pourquoi ? Parce que vous aurez combattu et perdu malgré tout ? Non, parce que vous aurez refusé de céder une parcelle de vos prérogatives. Que pensez-vous qu’il vous restera à l’issue du conflit ? Un rang, votre honneur ? Au nom de qui, au nom de quoi ? Votre honneur ne réside pas dans ces vaines batailles de mots que vous vous livrez quotidiennement comme de jeunes enfants jouant à faire les grands. Il est là où doit être votre place, là où votre poste vous ordonne d’être. A la défense de la ville que votre serment vous demande de protéger par tous les moyens possibles. En venant ici, j’ai rencontré les pages. Tous sont prêts à se battre pour leur cité. Tous. Et ce sont des enfants ! Leur sens de l’honneur est plus grand que le vôtre ne l’a jamais été. Enverriez-vous ces garçons se battre à votre place, serez-vous si lâches que vous autoriserez une telle chose ? Ces enfants nous montrent l’exemple, la voie à suivre.

Nos rancunes, nos colères doivent s’effacer devant un mal bien plus grand. Nous pourrons toujours en rediscuter plus tard, si cela signifie encore quelque chose. Mais pour l’instant, c’est une faveur que je vous demande. Oubliez vos complots, vos intrigues, oubliez votre argent, vos richesses, oubliez vos débats stériles, vos querelles incessantes. Oubliez et pensez à Séphadora, aux habitants qui croient en nous, Consuls comme Sénateurs, pensez aux Atlantes qui espèrent, pensez à tout ce que vous connaissez, à ceux que vous aimez. Pensez et choisissez. La survie de tout cela vaut-elle l’abandon provisoire et temporaire de quelques privilèges ? Choisissez-vous la guerre franche face aux armées ennemies ou la lâche débandade sans organisation ? Choisissez-vous l’espérance d’une victoire ou l’assurance d’une défaite ? Choisissez-vous la vie ou la mort ? Préférez-vous vivre dans la honte jusqu’à vos derniers jours, abandonnés de tous, rejetés de vos familles, de vos amis ou vivre, combattre, mourir peut-être mais dans l’honneur, dans la gloire des héros chantés par les ballades ? Sénateurs, vous êtes maintenant à la croisée des chemins. Ici doit se décider l’avenir d’Atlanteis. Serez-vous ceux qui auront abandonné leur peuple ? Serez-vous ceux qui l’ont sauvé ? Le choix vous appartient pleinement, Sénateurs, et je vous demande de faire le bon. Si vous acceptez qu’Alénor et moi organisions et dirigions la défense, en étant ouverts à tous vos conseils quels qu’ils soient, nous serons peut-être prêt à temps pour recevoir Mwourront comme il le mérite. Si vous refusez…l’Atlanteis d’aujourd’hui ne sera plus qu’un paradis perdu par la faute d’êtres veules, aux yeux des générations futures.

Livandil se tut, à bout de souffle. Le silence tomba sur les Sénateurs, presque trop intense après le discours retentissant du jeune homme. Tous semblaient indécis, se jetant des regards par en dessous, sur le point d’accepter (ou pas) mais refusant de faire le premier pas. Leur rancune serait-elle trop forte ? Il espérait que non. Les sénateurs ne pouvaient être aussi aveugles.

Une voix connue, trop connue, retentit, le faisant tressaillir. Jehan. Le jeune homme se trouvait dans l’ombre, invisible du reste de la salle. Il s’avança au milieu du cercle des Sénateurs stupéfaits.

-Sénateurs. Vous me connaissez tous, vous savez qui je suis, dans quelle disgrâce je suis tombé. Personne n’en veut plus que moi au Consul, personne ne le hait autant que moi. Mais aujourd’hui, je vous le dis à tous : je me battrai à leurs côtés. Mes sentiments pour eux restent inchangés, mais Séphadora, la gloire d’Atlantéis, est menacée. Mon devoir est de la défendre quel qu’en soit le prix. Je combattrai.

Il tourna vers les Consuls un regard empli de défi. Livandil inclina la tête, acceptant l’appui du jeune homme. Il savait que c’était un excellent combattant ; de plus, il connaissait bien Nathaniel et il avait déjà affronté ses armées. Ils se détestaient mais Liv savait qu’il n’aurait pas de meilleur allié à l’heure du combat.

Le discours de Jehan avait produit son effet. Les sénateurs, déjà ébranlés par celui de Livandil, ne résistèrent pas à celui-ci. Que l’ennemi du Consul annonce son intention de combattre à ses côtés, que celui-ci ait accepté montraient bien que la situation n’était plus aux négociations. Un porte-parole, le sénateur Aurian, fut désigné pour porter la décision du Sénat aux Consuls. L’homme, âgé d’une quarantaine d’années, prit la parole :

-En vertu des pouvoirs qui lui sont conférés, le Sénat donne les pleins pouvoirs militaires aux consuls Alénor d’Endarniel et Livandil d’Eleissen pour organiser la défense de Séphadora et préparer la guerre qui s’annonce. Le sénat se réserve cependant le droit de retirer ces pouvoirs s’il estime que les consuls ne sont pas à la hauteur ou s’ils sont convaincus de haute trahison.

Livandil poussa un léger soupir de soulagement. Les choses auraient pu être pires. Mais il n’était plus temps de s’attarder. Les généraux étaient arrivés et ils devaient s’entretenir avec eux, sans oublier la promesse qu’il avait faite aux pages.

***
Les jours suivants défilèrent à une allure incroyable. Il y avait tant de choses à faire que les Consuls ne se couchaient pas avant trois heures du matin pour se réveiller à six. Et ces nuits étaient considérées comme longues. Des messages partaient à chaque instant en direction des villages avoisinants, appelant les hommes à se préparer au combat. Les champs d’entraînement de Séphadora étaient mis à rude épreuve, les armées ne cessant de s’entraîner. Les consuls en faisaient également un usage intensif, soit pour donner des conseils d’ordre tactique ou développer des manœuvres, soit pour s’entraîner eux-mêmes. Ces moments leur étaient une détente nécessaire où plus rien n’existait qu’eux et leur lame.

Jehan se révélait tel que Livandil l’avait espéré. Sa science des combats, son intelligence de stratège leur furent d’une aide précieuse. Leurs relations n’avaient guère évolué, Jehan continuant de se montrer tout aussi ironique envers les deux Consuls. Ils ne se voyaient donc qu’en cas de nécessité.

Livandil avait tenu ces engagements vis-à-vis des pages et ne le regrettait pas. Leur enthousiasme supportait sans trop souffrir la discipline à laquelle ils étaient soumis. Leurs entraîneurs les formaient au rôle d’éclaireur, à ceux de messager et de sentinelle. Ils devaient être capables de se réveiller à toute heure pour un service urgent, tenir des heures éveillés dans la nuit sans que leur attention vacille. Les parents avaient d’abord manifesté leur mécontentement à ce que leurs rejetons soient employés pour la guerre mais les enfants avaient tant protesté qu’ils n’avaient pu que s’incliner, avec la promesse que les garçons n’iraient pas sur le front et participeraient seulement à la défense passive de la ville.

***

Un soir, alors qu’il remontait des champs d’entraînement, fier des progrès accomplis par tous, Livandil vit Baudoin courir vers lui, tout excité. Le jeune page était rapidement devenu un petit aide de camp très efficace et le consul remerciait quotidiennement les dieux de lui avoir inspiré une telle proposition. Les enfants, par leurs attentes et leurs espérances, poussaient les hommes à se dépasser. Leur joie de servir rehaussait la leur et ils se donnaient au maximum pour briller aux yeux de ceux qui leur succéderaient peut-être un jour.

-Que veux-tu ? demanda le jeune homme.

-C’est dame Alénor. Elle souhaite vous parler immédiatement.

Livandil s’élançait déjà, il entendit à peine les derniers mots de Baudoin :

-…est dans sa chambre.

Que lui voulait Alénor ? Rien ne pouvait lui être arriver. Une décision à voir ? La télépathie fonctionnait entre eux deux, c’était donc quelque chose qu’elle tenait à lui dire en face.

Livandil arriva dans le couloir menant à leur chambre, frappa à la porte et entra sans attendre la réponse.


^^
Back to top Go down
Alénor d'Endarniel
Admin
Admin
Alénor d'Endarniel


Nombre de messages : 2093
Age : 32
Date d'inscription : 2007-10-13

Vie au palais Empty
PostSubject: Re: Vie au palais   Vie au palais EmptySat 22 Nov à 18:50

15 jours...

Penser diversion Nath...


Notes mentales pr moi ! lol


Très bien ^^ j'ai plus qu'a m'y jeter c'est ça ? Razz

Je voulais utiliser Jehan aussi... Jle met 3eme consul ? xD
Back to top Go down
Sponsored content





Vie au palais Empty
PostSubject: Re: Vie au palais   Vie au palais Empty

Back to top Go down
 
Vie au palais
Back to top 
Page 1 of 2Go to page : 1, 2  Next

Permissions in this forum:You cannot reply to topics in this forum
 :: Sephadora :: Palais-
Jump to:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser